Allumez le feu

On sait que les couleurs rougeoyantes de fin de saison sont un régal. Mais saviez-vous que même les petits jardins ont le droit de s’enflammer ?
Cotinus 'Flame'

Comme chaque année, en ce moment, certaines plantes bien choisies revêtent leurs couleurs empourprées pour illuminer le jardin avant qu’il ne s’endorme pendant quelques semaines. Elles lui donnent un dernier éclat et accompagnent avec brio celles qui le drapent d’or. La gamme chromatique va effectivement du jaune au rouge. Toutes les couleurs intermédiaires, orangées, pourprées et cuivrées les nuancent. Pour apprivoiser les couleurs de l’été indien, installez quelques arbres et arbustes venus de contrées lointaines comme le Canada, l’est des Etats-Unis mais aussi la Chine et le Japon où ce tableau est habituel. En ce qui concerne le rouge, gardez à l’esprit que plus le sol est acide, plus il s’embrase. Ceci dit, les plantes réagissent toutes différemment. Elles composent des tableaux imprévisibles, plus ou moins durables, époustouflants voire détonants. Un véritable suspense qui fait le charme de la saison ! Outre les géants comme le Liquidambar et le chêne d’Amérique ou les Parrotia, A. rubrum ou saccharinum toujours au rendez-vous, voici quelques vedettes en tenue d’apparat qui méritent d’être plantées.

Erable du Japon

L’élégant érable japonais, Acer palmatum ou japonicum, – 4 à 6m de haut jusqu’à 8m pour les plus vigoureux -, à la ramure particulièrement architecturée, à la silhouette légère nous surprend toujours. Sa grâce est légendaire, sa renommée n’est plus à faire surtout lorsqu’il revêt sa magnifique livrée d’automne. Attention, les couleurs varient d’une variété à l’autre. Informez-vous auprès d’un spécialiste. A titre d’exemple : Acer palmatum  ‘Osakazuki’, ‘Autumn Fire’, ‘Bloodgood’, Acer japonicum ‘Aconitifolium rougeoient intensément.

 Fusain

Les fusains à feuillage caduc sont incontournables. Euonymus alatus (2 m) d’origine asiatique en est le maître incontesté et un des premiers à annoncer l’automne lorsque ses petites feuilles rouge écarlate s’enflamment. De forme compacte, il est assez facile à cultiver même en terrain calcaire. Euonymus hamiltonianus (5m) également. Le cultivar ‘Indian Summer’ propose une remarquable robe lie de vin.  

Hydrangea serrata et quercifolia

L’Hydrangea serrata tolère le soleil. Pour s’en protéger, ses feuilles vertes évoluent vers une palette plus foncée tirant vers le pourpre. A l’automne, elles virent au feu. Accompagnées de fleurs fanant ou remontant lors d’une deuxième floraison, le spectacle est total. Tout en nuances. Un autre membre de la famille, l’Hydrangea quercifolia, à feuilles de chêne, a lui aussi des coloris exceptionnels en situation ensoleillée. C’est souvent pour cela qu’on l’introduit au jardin.

Cotinus

Il pousse partout. Pas trop grand (2 à 4m), il est couvert en été de fleurs plumeuses ou vaporeuses, – ce qui lui vaut son surnom d’arbre à perruques – ; il est bien coloré à l’automne. C. coggygria et C. obovatus sont les deux espèces à retenir. Parmi les cultivars, notez ‘Grace’ et ‘Flame’ à fleurs roses dont le feuillage rouge translucide brille en fin de saison.

Cornouiller

En général réputés pour leur jolie floraison printanière, les cornouillers à fleurs, Cornus kousa, florida et nuttalii, ces petits arbres (5/7m maximum) à la beauté si délicate illuminent nos jardins dès la fin de l’été. Ils préfèrent les sols acides sauf le premier qui reste le plus accommodant des trois. Avec eux le spectacle est garanti à deux saisons. Un must.

Nyssa

Nyssa sylvatica, nord-américain ou N. sinensis, chinois comme son nom l’indique, sont originaires des montagnes boisées et humides. Arbres à croissance lente (environ 15 m en 30 ans), ils aiment les terres acides, profondes, fraiches ; ils ne supportent pas les vents et les courants d’air. Remarquables, ils adoptent toutes les nuances des teintes chaudes : rouge, orange, rouille dès fin septembre.

Le saviez-vous ?

Si les feuilles des végétaux changent de couleurs avant de tomber, c’est une question de chlorophylle. En fait, au printemps et en été, les feuilles dopées de chlorophylle exhibent une couleur verte assez classique. Mais lorsque les températures baissent et les jours diminuent, l’activité de la plante ralentit. La chlorophylle cède progressivement la place à la production d’autres pigments qui la colorent en jaune ou en rouge. En d’autres mots, la couleur verte se dégrade plus vite que ces pigments qui deviennent alors bien visibles. Ce phénomène dépend de plusieurs facteurs : le degré d’acidité du sol, les conditions atmosphériques, les alternances de pluie et de sécheresse, les coups de froid et de chaud. Les nuits froides et les journées ensoleillées activent généralement le processus. 

Un bon conseil

Faites au plus vite le tour des pépinières et achetez les plantes en robe d’automne car l’intensité de la couleur varie souvent d’un sujet à l’autre. Ceci dit, n’oubliez pas que lorsque la plante est cultivée en pot, ses racines sont plus à l’étroit et les couleurs des feuilles plus tranchées. Prudence.

Les années ne se ressemblent pas. Certains automnes sont plus beaux et plus longs que d’autres frappés par un été de sécheresse, une arrière-saison trop douce ou un gel hâtif.

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