Après les fleurs, les fruits des rosiers

En fin de saison, les rosiers nous offrent un dernier cadeau, les cynorhodons. Des fructifications décoratives aux couleurs et formes diverses parfois spectaculaires.
Rosa 'Mozart'

Qui dit rosier, pense directement à rose. La fleur. C’est logique. La fructification n’est pas l’aspect le plus recherché à l’achat d’un rosier. Pourtant, à l’époque où le jardin va doucement tirer sa révérence avant les frissons de l’hiver, elle participe aux derniers feux de l’automne. Aux tonalités chaudes de la gamme chromatique allant du jaune au rouge en passant par les nuances de cuivré et de rouille. Parfois même avec panache et générosité lorsque les fruits persistent sur les rameaux nus, sans feuilles, jusqu’au début du printemps suivant sans être inquiétés ou grignotés par les oiseaux. Avec nous, misez sur ces rosiers, pour le plaisir des yeux, des oiseaux, des amateurs de bouquet d’hiver et des fins gourmets puisque la plupart de ces petits fruits sont comestibles.

Vous avez dit cynorhodon ?

Difficile à écrire, parfois avec un « r » ou avec 2 « r » ? Tout est permis, pas de souci, chaque version est acceptée par la langue française. Le mot est emprunté au grec kunorodon qui veut dire : rose de chien. Jadis, on estimait en effet que le fruit du rosier sauvage était un excellent remède contre les morsures de chien et que ses racines guérissaient de la rage. Scientifiquement parlant, il faut préciser pour les pointilleux que le cynorhodon n’est pas un vrai fruit. Plutôt un réceptacle floral bien charnu contenant les vrais fruits, des petites graines les akènes, revêtus de poils rêches terriblement irritants. Le redoutable poil à gratter ou « gratte-cul » des enfants malicieux qui le glissaient secrètement dans le dos d’un camarade de classe.

Quelle forme ?

Il existe une grande diversité de cynorhodons aux formes et coloris différents. Minuscule comme un petit pois ou gros comme une cerise, tout rond comme une bille ou une pomme de Malus ornemental, ovale, en forme d’urne, de bouteille comme chez R. moyesii. R. ‘Scabrosa’ figure parmi les rosiers qui portent les plus gros fruits. Mais attention les plus gros ne sont pas toujours les plus spectaculaires. Les grappes généreuses de petits cynorhodons de plusieurs hybrides de R. moschata font merveille.

Certains fruits sont rouge vif ou orangé, d’autres bruns comme chez R. rubrifolia, noirs chez R. pimpinellifolia, le rosier pimprenelle ou verts comme chez R. roxburghii.

Vitamines C

Qui dit cynorhodon, dit comestible. Bourré de vitamine C, sa teneur varie suivant les espèces. Il contiendrait d’ailleurs autant de vitamines qu’un citron. Les fruits se récoltent ramollis après les premières gelées. Pressez-les alors tout simplement entre les doigts, c’est le moment de goûter leur délicieuse pulpe acidulée, voire crémeuse qui s’échappe, alors que les pépins enrobés de poils restent bien à l’intérieur. Les plus charnus comme ceux de R. rugosa font d’excellentes confitures, coulis et autres gelées. Un peu de travail certes mais qui en vaut la peine. Certains confectionnent des tisanes après les avoir fait sécher et macérer dans de l’eau bouillante avec quelques tranches de citron ou d’orange. R. californica par exemple produit un très grand nombre de cynorhodons bons à sécher. En Suède, à la fin de l’été, ils font la une des magazines gastronomiques : en soupe, ils sont un must. Alors qu’en Angleterre, les gourmets se délectent de chutney de cynorhodons au look de ketchup…

Les plus beaux ?

Après les fleurs, les rosiers donnent des fruits plus ou moins décoratifs. Les églantiers ou rosiers sauvages à la floraison brève sont les chefs de file. Mais il n’y a pas qu’eux. Aussi certains rosiers à floraison unique. Soit ceux qui ne « remontent » pas.  Non pas qu’ils refusent de grimper mais plutôt qu’ils refusent de refleurir. Pour ces rosiers-là, laissez venir les fruits et surtout ne taillez pas les rameaux après la fanaison. Ceci dit, renseignez-vous, les rosiers non remontants ne donnent pas tous des fruits intéressants qui parfois tombent très vite avant maturité.

Quant aux rosiers qui refleurissent ou remontent, il faut savoir que plusieurs d’entre eux comme les rugueux dits rugosa et les hybrides de moschata offrent également une fructification attrayante.

Rosa ‘Françoise Drion’

Tailler ou ne pas tailler ?

Rien de bien compliqué chez les rosiers à fruits ! Un simple toilettage suffit à la fin de l’hiver. On enlève les fruits fatigués encore présents sur les rameaux, on coupe le bois mort et les branches endommagées et on taille 1/3 des autres pour rajeunir l’ensemble. Une taille en transparence pour garder une certaine harmonie à l’arbuste.

Quant aux rosiers remontants qui doublent leurs fleurs de jolis fruits, il y a deux temps à respecter. Il est bien évidemment nécessaire de supprimer les fleurs fanées afin que la plante puisse refleurir mais dès le milieu de l’été, il faut arrêter de les enlever pour laisser la mise à fruits.

A épingler 

Quelques-uns sont vraiment décoratifs jusqu’au bout des fruits :

  • Rosa moyesii est un arbuste vigoureux de 3m de haut. Après la floraison écarlate dans le courant du mois de juin s’épanouissent des fruits en forme d’amphores orange rouge qui persistent l’hiver. Le cultivar ‘Geranium’ moins encombrant que le type est devenu un classique aux fruits assez grands.
  • Rosa rugosa (2m de haut) est un incontournable. Bien rustique, résistant aux maladies, il a un feuillage gaufré se couvrant de fleurs parfumées allant du blanc au rouge. Ses fruits ronds et rouges apparaissent dès le mois d’août. On dirait des petites pommes. La variété ‘Frau Dagmar Hastrup’ (60 cm) est charmante. Une deuxième vague d’églantines rose pâle apparait en compagnie de jolis fruits rouge cramoisi bien brillants.
  • Rosa ‘Scharlachglut’ (1,50m) un rosier moderne de l’allemand Kordès a un nom impossible à retenir mais quand vous l’aurez découvert, vous ne l’oublierez plus. De grandes églantines rouge brillant à étamines jaunes au mois de juin puis des gros cynorhodons allongés, d’un orange lumineux qui persistent jusqu’à noël.
  • Rosa roxburghii sort du lot. Un églantier particulier par son bois gris qui s’exfolie comme celui d’un bouleau et par ses fruits ronds, piquants, verts et parfumés qui se prennent pour des châtaignes.
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