Pour la plupart d’entre nous, quand il est question de bulbes, nous pensons directement à l’arrivée du printemps et son lot de perce-neige, crocus, tulipes, jonquilles et narcisses. Le mois de septembre est d’ailleurs idéal pour les planter. Mais c’est aussi celui de l’épanouissement d’autres bulbes rustiques moins connus et moins présents dans les jardins.

Le colchique, Colchicum autumnale, est indigène en Europe, Afrique du nord et dans l’est de l’Asie. Son nom vient de Colchis, une petite ville autour de la Mer noire. Ressemblant à un grand crocus, ses fleurs apparaissent avant le feuillage de mi septembre à mi octobre. D’où son nom de filius ante patrem, le fils avant le père. Dès que le temps se rafraîchit et que les premières pluies s’annoncent, ses frêles fleurs roses ou blanches s’ouvrent pendant deux, trois jours avant d’être relayées par d’autres. Chaque bulbe donne environ 3 à 5 fleurs. Botaniquement parlant, ce n’est pas vraiment un bulbe. Ni un oignon dans le langage courant. Nuance. C’est un corme comme chez le crocus. « Soit un organe souterrain formé d’une tige courte, épaisse, massive, hypertrophiée, chargée de réserves, protégée par des feuilles écailleuses. » (La botanique redécouverte, Aline Raynal-Roques, Editions Belin 1994, p354). Ceci dit, ne chicanons pas.
Plante extrêmement facile à cultiver, poussant dans n’importe quel sol à tendance acide avec une préférence pour les prairies pas trop sèches voire humides, il apprécie le soleil et ne craint pas le gel. Sauf au-delà des -20°. Pas du tout fragile, c’est une plante idéale à naturaliser dans l’herbe. Ses corolles hautes de 15 à 20 cm forment rapidement une petite colonie. Ses feuilles apparaissent plus tard à la fin de l’hiver et atteignent environ 30 cm. Quelques variétés sont à épingler. La blanche, ‘Album’ plus tardive et celle à fleurs doubles, ‘ Roseum Plenum’ dite aussi ‘Pleniflorum’ ou encore ‘Water Lily’, rose mauve comme un petit nénuphar et ‘Lilac Wonder’ améthyste. ‘The Giant’ a, comme son nom l’indique, des fleurs plus grandes et plus larges. Le rose y est plus soutenu et le cœur est blanc.
C. ‘Roseum Plenum’ C. ‘Album’
C’est à cette époque que vous allez repérer les bulbes secs en jardinerie. Achetez un minimum de 5 bulbes et plantez-les assez près les uns des autres. En tous cas pas en rang d’oignon comme des gentils petits soldats. Jetez- les à la volée et enterrez-les là où ils sont tombés. L’effet sera plus naturel. Dans deux semaines ils fleuriront. Mais sachez qu’ils fleurissent même s’ils ne sont pas plantés. C’est la raison pour laquelle sur le comptoir, vous les verrez parfois en fleurs.
Une dernière chose importante. Attention aux jeunes enfants, le colchique est très toxique. D’où son surnom de tue-chien ou mort au chien. L’absorption d’un bulbe frais entier est suffisante pour passer de vie à trépas.
Crocus speciosus
Ne pas confondre.Très ressemblant et sujet à confusion, le crocus d’automne, Crocus speciosus, cousin des autres à la floraison décalée. Il est plutôt moins facile à introduire au jardin. Originaire de Méditerranée et plus précisément de Turquie, de petite taille, 10 cm, il demande une terre légère et bien drainée typique des rocailles. Sa gamme de couleurs varie du bleu au mauve avec des variantes de lavande et violet foncé. Différents hybrides sont disponibles. ‘Conqueror’ bien bleu, ‘Albus’ ou ‘Artabir’ lilas pâle. Quant au Crocus sativus, bleu rayé au pistil orange vif, soit le safran utilisé en cuisine, – à ne pas confondre avec le colchique toxique -, il est cultivé depuis l’Antiquité dans un sol rocailleux sous un chaleureux soleil, plein sud.
Astuces : d’autres bulbes
Les Crocosmia,
Crocosmia x crocosmiiflora appelés encore aujourd’hui par nos aînés Montbretia se sont naturalisés en Bretagne et figurent parmi les vedettes de fin de saison des borders anglais. Originaires d’Afrique du sud, de 60 à 80 cm de haut, les fleurs aux nuances orangées et rouges apparaissent délicates. Leur feuillage élancé a un look d’iris. Lorsque la floraison est terminée, les tiges ont encore belle allure au jardin ou en bouquet.
Les cyclamens
d’automne, Cyclamen hederifolium, dit de Naples sont rustiques et poussent en pleine terre. Ils déclinent les tons de rose et de blanc et leur feuillage maculé d’argent imite à s’y méprendre celui du lierre. En plus marbré. Les feuilles apparaissent après la floraison et restent décoratives jusqu’à leur disparition en avril-mai. Puis la plante entre en repos et on l’oublie.
Les Schizostylis coccinea
font penser à des petits glaïeuls de 60 à 70 cm de haut, avec des hampes garnies de corolles étoilées en coupe rappelant celles des crocus. La palette des couleurs est vive : rouge, rose, saumon ou blanc nacré. Ils apprécient les terres fraiches, ensoleillées et bien drainées et les climats doux.
Les nérines,
Nerine bowdenii, sont parmi les chouchous des fleuristes car elles tiennent longtemps en vase. Belles aussi au jardin car longtemps épanouies à condition d’être bien au chaud. Elles affectionnent les endroits très secs comme par exemple le pied d’un mur exposé plein sud. Pourquoi pas en pots sur la terrasse. Lorsqu’elles se plaisent, leurs trompettes roses s’épanouissent à 40 cm du sol pendant plusieurs semaines.

LES PLUS
COLCHIQUE
Appelé aussi veillotte ou veilleuse car sa fleur rappelle une lanterne et les étamines, une flamme discrète.
EN COMPAGNIE
Les colchiques sont mis en valeur au pied des cornouillers, des Caryopteris, des camélias à floraison automnale ou encore d’autres arbustes qui prennent une coloration dorée à cette saison.
EN POT ?
Impossible de garder des colchiques en pots. Et impossible d’en faire des bouquets qui tiennent bien dans un vase.
CALIBRE
Ne choisissez pas un calibre de bulbe trop petit. Il y aura peu de fleurs. L’économie n’en vaut pas la chandelle.
CROCUS
D’une année à l’autre, la couleur du crocus d’automne peut varier.
SAFRAN
La précieuse épice est fournie par les stigmates séchés récoltés sur les fleurs du Crocus sativus. Pour obtenir 1 kg de safran sec, il faut compter beaucoup de fleurs. Plus de 100.000 !