Arroser, bien arroser un vrai challenge

Les étés sont de plus en plus chauds, la sécheresse guette et apporte son lot de débâcles inattendues. A mi-saison, un constat. La pluie tombée du ciel ne suffit plus, l’avenir de la planète se joue aussi dans les jardins.

Incontestablement, il devient urgent de repenser l’arrosage au jardin. Arroser n’est pas si facile. Certains bien intentionnés croient avoir la main verte en humectant à peine la terre ou en l’inondant généreusement. Il est temps d’essayer une meilleure gestion de l’eau. Tous, nous savons que la plante en a besoin pour fleurir et fructifier mais il ne faut pas oublier que plus la chaleur est élevée, la lumière vive et l’air sec, plus l’eau absorbée par les végétaux est rejetée via la transpiration des feuilles.

Connaître son sol et ses plantes

Avant de vouloir gérer et moduler l’arrosage, il faut connaître son sol. En sol léger ou sablonneux, dans les pentes et les talus sans humidité stagnante, il faut arroser au moins deux fois par semaine car l’eau s’infiltre rapidement et est vite perdue pour la plante. En sol lourd retenant bien l’humidité et dans les creux qui récupèrent les eaux de ruissellement, un seul arrosage hebdomadaire suffit, à condition qu’il soit copieux. Les racines des plantes puiseront l’eau plus en profondeur. S’il faut retenir une chose, c’est ceci : arrosez beaucoup mais pas trop souvent. Attention au vent qui dessèche les végétaux surtout sur les balcons et terrasses. Les jardinières ont droit à deux ou trois arrosages par semaine en fonction de la situation et du vent.

Bien connaître les habitudes des végétaux contribue à réaliser des économies. Une plante qui « tire la langue » a des feuilles moins brillantes et plus molles. Dans ce triste état, sa croissance ralentit. D’autres pourtant, fleurissent davantage lorsqu’elles souffrent de sécheresse. C’est notamment un réflexe naturel de survie qui assure leur descendance via les fleurs et les graines.

Les méditerranéennes sont en général aussi sobres que des dromadaires : ciste, genêt, lavande, romarin, thym, gaura… Les plantes grasses aux tissus charnus comme les Sedum ont la capacité d’emmagasiner l’eau. Mais aussi les armoises, sauges, œillets, chardons ornementaux au feuillage recouvert d’une légère pilosité qui les protège de l’ardeur des rayons du soleil.

De nouvelles habitudes, de nouveaux gestes

Bousculons nos habitudes et n’arrosons plus le gazon. La pelouse reverdira toute seule à la première pluie. Faisons confiance aux plantes qui s’organisent en temps de sécheresse prolongée, s’adaptent et s’endurcissent. Elles vont en effet chercher l’eau en profondeur ou entrer en léthargie temporaire. Ce principe vaut pour celles qui installées depuis plus d’un an. Pour les nouvelles arrivées, un arrosage hebdomadaire abondant, – un arrosoir de 10 litres -, leur est indispensable. Même s’il pleut. Arroser sous la pluie n’est pas déraisonnable. En effet, une pluie d’une demi-heure, même forte, ne suffit pas à reconstituer les réserves du sol.

Pour limiter les arrosages, un petit conseil : couvrir, biner, rebiner, recouvrir ! En effet, un sol protégé de l’action desséchante du soleil et du vent permet aux plantes de se passer d’eau entre deux épisodes pluvieux. Dès que la terre est bien réchauffée, c’est l’heure d’étaler compost maison, tonte de gazon (en fine couche), feuilles mortes, paille, broyats, cartons, graviers. Ce mulching, empêchant l’évaporation de l’humidité, est souverain par temps sec prolongé, tout comme sur les terrains sablonneux et caillouteux. Un binage vaut deux arrosages ; vous avez certainement déjà entendu le dicton. Il est efficace de supprimer les mauvaises herbes, elles aussi friandes en eau. L’or bleu pourra alors mieux pénétrer dans une terre meuble non tassée.

Arroser quand ?

Le choix du moment est important. L’idéal est d’arroser en fin d’après-midi pendant les périodes chaudes pour réduire l’évaporation. Pas à la tombée de la nuit, le sol n’aurait pas le temps de se ressuyer et il se produirait sur les plantes, une condensation favorable aux maladies.

En tous cas, jamais en plein soleil ! Cela semble évident mais il faut parfois le rappeler. L’évaporation serait immédiate tout comme les brûlures des fleurs et feuilles par les gouttes, mini loupes concentrant les rayons du soleil. A l’automne ou au printemps, l’arrosage matinal est recommandé, les plantes se réchauffant en cours de journée, alors qu’un arrosage le soir les exposeraient au froid de la nuit.

Récupérer

Techniques et matériaux pour récupérer l’eau de pluie évoluent. Les citernes enterrées qui recueillent l’eau de pluie beaucoup moins calcaire que l’eau du robinet sont une aubaine pour qui veut jardiner responsable. Les tonneaux du commerce, à installer en dessous d’une gouttière, peuvent aussi faire l’affaire. Ou n’importe quel vieux récipient à recycler.

En Iran, les précieux qanats

L’arrosoir reste l’outil privilégié même s’il nécessite parfois un dos d’athlète.  Imbattable quant à la précision, il mouille sans gaspiller le pied de la plante sans toucher le feuillage. Une bouteille en plastique retournée dont le fond est découpé est imparable pour arroser les plants de tomates. Le tuyau est efficace mais pas toujours très obéissant. Qui n’a jamais expérimenté le nœud qui stoppe le débit, l’enrouleur qui coince, les joints qui sautent, le trou en plein milieu ou la fable de l’arroseur arrosé ? Il est vain d’asperger avec un jet puissant qui tasse ou durcit le sol ou au contraire une pluie fine dirigée vers le haut, meilleur moyen de rendre les plantes malades. La solution serait-elle d’opter pour un arrosage automatique ? Gare à la surconsommation, au manque de précision et au matériel surdimensionné fonctionnant en permanence. Mieux vaut alors installer un « goutte à goutte » qui économise eau et travail et permet à l’eau d’atteindre rapidement les racines en limitant les pertes par évaporation. Un vieux tuyau percé commandé par un programmateur est une solution.

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