Les jardins contemporains à la fin de l’été

Vous savez que juin est le mois des jardins Mais savez-vous que septembre et octobre font la gloire des jardins contemporains ?
Jardin de la pépinière De Vlackeland

Il est révolu le temps où les roses représentaient l’unique attrait des jardins. Les choses évoluent, les esprits aussi. Tant mieux. Des tendances nouvelles s’imposent au gré des réalisations paysagères. Aujourd’hui, les parterres sont de plus en plus beaux lorsque la chaleur de l’été se calme. La lumière rasante met les couleurs et les formes des végétaux en valeur. 

Oui, ce XXIe siècle surfera inévitablement sur la vague naturaliste. Après un certain retour au formalisme et au traditionnel avec notamment la création des chambres de verdure aux thématiques différentes, succédant à la liberté des paysages typiquement XVIII, les jardins seront dorénavant plus vivants, évolutifs, simples et décontractés, le tout dans une approche résolument écologique.

Jardin de la Pépinière De Vlackeland

En Allemagne

Tout a sans doute commencé en Allemagne. Avec certains pépiniéristes tels Ernst Pagels ou  Karl Foerster qui ont sélectionné et élargi la gamme des plantes vivaces et surtout celle des graminées ornementales, ces herbes gracieuses, fines et lumineuses bien adaptées à nos jardins. La clef de tous les effets naturels. Ils sont les premiers à s’être intéressés à cette grande famille qui occupe aujourd’hui une place à part dans l’art des jardins et essaient globalement d’implanter des communautés naturelles de végétaux dans les jardins. Le « New german style » est né. Cela explique notamment pourquoi beaucoup de variétés portent un nom à consonance germanique tel Miscanthus sinensis ‘Silberspinne’ ou encore Molinia caerulea ‘Heidebraut’ ou que d’autres rappellent celui de leurs maîtres comme l’incomparable Calamagrostis acutiflora ‘Karl Foerster’ qui défie le vent et la pluie en restant bien droit.

Certains diront que les pionniers de ce mouvement sont américains. Il est vrai que les prairies nord-américaines au choix de plantes assez limité ont certainement essaimé en Europe et insufflé un genre nouveau appelé « jardin prairie » prenant lui aussi la nature comme modèle. 

Mainau
Jardin de Merzig

Aux Pays-Bas

Ceci dit, la plupart du temps, on résume ce type de jardin contemporain par un seul nom : Piet Oudolf, un de ses principaux promoteurs, pépiniériste néerlandais devenu paysagiste à la réputation mondiale. C’est près d’Arnhem, dans sa pépinière d’Hummelo créée en 1982, que tout commence. Piet et sa femme Anya sélectionnent des plantes résistantes, à la forme de feuillage intéressante et la tenue irréprochable dans les parterres. Même en automne ou en hiver. Petit à petit, ils introduisent dans leur gamme une nouvelle palette de plantes vivaces, Erumurus, Phlomis, Echinacea, Helenium, Rudbeckia, Echinops… que Piet combine élégamment avec des graminées pour former in fine des grands espaces. Pour lui, un jardin est rythmé essentiellement par les plantations. Avant d’être paysagiste, il se sent avant tout pépiniériste. Raison pour laquelle ses détracteurs lui reprochent parfois une structure générale hésitante. Néanmoins, il réussit à s’imposer en Angleterre ou il reçoit d’ailleurs en 2000 la médaille d’or du plus beau jardin d’exposition du Chelsea Flower Show de Londres, le top du top en la matière et celle du RHS (Royal Horticultural Society) incontournable outre-manche, en reconnaissance de son travail pour le développement du jardinage et de l’horticulture. Aux Etats-Unis, il signe la fameuse High line, la célèbre promenade plantée sur les anciennes voies ferrées de Manhattan à New York.

Jardin de Piet Oudolf
Jardin de Rammekenshof

En Angleterre

Dans ce pays très branché où l’art du jardin fait partie des traditions depuis l’âge du biberon, l’excitation est à son comble depuis quelques années. New Perennials, New Naturalism, New wave planting ou encore New European garden style…Tout est bon. Une des stars incontestées de cette nouvelle tendance est l’architecte paysagiste Tom Stuart Smith. Collectionneur des médailles d’or au Chelsea Flower Show, il intervient dans des lieux emblématiques comme le jardin du jubilé à Windsor, celui de Trentham ou de Wisley. La pierre angulaire de ses compositions ? Des végétaux bien choisis pour être beaux à toute saison, sans attrait particulier ni moment idéal. Il défend en effet un principe de continuité dans une ambiance générale unique où tous les végétaux s’interconnectent dans le but de former des effets amples. Chez lui, tout parait fort simple mais dans la réalité, les choix de couleurs, formes, hauteurs et textures des plantes sont très étudiés pour structurer et diviser l’espace.

Jardin de Scampston
Jardin de Hemsley

Et … chez soi ??

Comment faire chez soi ? Songez peut-être à corriger un peu la rigidité des lignes du jardin. Comment ? En introduisant quelques graminées ornementales qui par leur graphisme, leur élégance et leur transparence, explosent à cette époque de l’année, vagabondant parmi les vivaces et les arbustes. Aériennes, d’une hauteur de 10 cm à 2m, d’une forme souple, dressée ou étalée, elles bordent les parterres, garnissent le pied d’un arbre, couvrent les talus ou marquent le détour d’une allée… La palette des teintes, tout en nuance de vert, beige, paille, brun et roux avec des touches ou panachures de doré, crème ou rouge est assez subtile. Toutes, elles tempèrent les couleurs chaudes des vivaces, asters, Cimicifuga, Persicaria et autres Helenium et accompagneront leurs tiges et inflorescences séchées, de quoi assurer une certaine continuité au jardin.

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