Ah les jolis petits chatons !

Toutes les plantes n’entrent pas en hibernation. Quelques-unes bravent les rigueurs hivernales et exhibent des chatons décoratifs pas si discrets que cela

Oui, c’est de saison. Les chatons sont, dans le jargon jardinier, des inflorescences en forme de petits épis pendants, apparaissant avant les feuilles, chez certains arbres et arbustes à feuillage caduc. A partir de février/mars. Recouverts d’un duvet particulièrement doux, ils ont naturellement pris le nom de chatons. Plus précisément en termes de botanique, ils portent des fleurs simplifiées sans pétales ni sépales servant à la reproduction des espèces. Les fleurs sont unisexuées. Les fleurs mâles réduites aux étamines  produisent le pollen alors que les femelles sont fécondées pour se  transformer en fruits. Retenez qu’en général le chaton mâle est nettement plus visible que le chaton femelle beaucoup plus modeste. 

 Les noisetiers et les aulnes commencent la ronde des chatons. Le noisetier, Corylus avellana, exhibe des chatons mâles jaunes, jusqu’à 8 cm de long. Les femelles ressemblent à de minuscules bourgeons roses hyper discrets. L’aulne, Alnus glutinosa vit les pieds dans l’eau. Ses chatons mâles rouge vineux virent au brun-jaune lors de leur éclosion alors que les femelles ressemblent à des petites boules rougeâtres qui après fécondation ressemblent à de mini pommes de pin appelées strobiles. Ces derniers renferment les fruits, des petites samares et persistent sur l’arbre l’année suivante. Le bouleau présente des chatons visibles dès l’automne jusqu’au printemps. Il est un des  grands responsables des allergies saisonnières.

C. avellana‘Contorta’

La plupart des arbres qui portent des chatons font appel au vent pour la fécondation. Ils sont anémophiles. Le vent fait tout le travail, de manière un peu aléatoire sans doute et sans aucune garantie de résultat. Dès lors, pour contrer ce programme un rien brouillon, les plantes produisent d’énormes quantités de minuscules graines qui se dispersent à chaque brise et à chaque balancement de branche. Indispensable, puisque seule une faible proportion arrivera à bon port. Par exemple un seul chaton mâle de bouleau produit environ 5,5 millions de grains de pollen. Gare aux nuages jaunes. On comprend mieux alors l’ampleur des allergies.

Le saule a un statut particulier. A la fois une plante anémophile mais également entomophile soit pollinisée par les insectes. En effet, ses chatons rigides aux écailles soyeuses secrètent du nectar parfumé attirant les insectes, particulièrement les abeilles et les papillons nocturnes. Ainsi, à la fin de l’hiver, les saules fournissent une nourriture précieuse pour les abeilles des ruches. C’est en outre une espèce dioïque dont les fleurs unisexuées mâles (à étamines) et femelles (à pistil) sont portées par des pieds différents. Par exemple, le saule marsault, Salix caprea, porte des chatons dressés et soyeux, dorés sur les arbres mâles et argentés sur les arbres femelles. La variété ‘Kilmarnock’ souvent utilisée dans les jardins est une variété mâle spécialement appréciée pour ses beaux chatons. Bon à savoir.

Un champion le Garrya elliptica

Les plus spectaculaires en hiver sont les chatons soyeux et pendants du gracieux et original Garrya elliptica. Ils font penser à des glands de passementerie. Cet arbuste à croissance lente d’environ 2 m de haut a des feuilles persistantes, coriaces et lustrées. On lui prête un look de houx. Ses chatons vert-gris aux anthères jaunes sont présents du milieu de l’hiver au début du printemps. Le Garrya apprécie les sols légers et les endroits abrités des vents froids. Il recherche le soleil. Rien de tel que de l’installer le long d’un mur au sud. Mais attention à sa rusticité. Chez nous, ses chatons pourraient être abîmés par grand gel. L’espèce étant dioïque, les chatons mâles et femelles sont portés sur des sujets différents. Et comme toujours, les mâles sont les plus décoratifs, jusqu’à 15 à 20 cm de long.

Astuces

Dans notre pays, l’air contient de février à avril, des pollens de noisetier, aulne, orme et if; en avril, de frêne, bouleau  et peuplier; en mai, de chêne et de pin et enfin d’avril à septembre, des graminées, plantains et orties.

Châtaignier

Le pollen est responsable de certains troubles allergiques comme le rhume des foins. Généralement, chaque personne atteinte réagit au pollen d’une espèce précise.

Le noisetier tortueux, Corylus avellana ‘Contorta’ se tortille allègrement. Non seulement les branches mais aussi les feuilles. Très graphique, il accompagne les maisons à l’architecture contemporaine et se prête à de jolis bouquets.

Le Ginkgo biloba, l’arbre aux quarante écus est reconnu surtout pour la beauté de ses feuilles en forme d’éventail devenant dorées à l’automne. Cette espèce est également dioïque (pieds mâles et femelles séparés). Les mâles sont les plus courants dans nos parcs et jardins. Pas étonnant car non seulement ils produisent des chatons jaunes en même temps que les nouvelles feuilles et ne portent pas comme les femelles des fruits de la taille d’une prune dégageant à maturité une forte odeur désagréable de beurre rance…

LES PLUS

BOUQUETS

Coupez quelques branches bien fournies de chatons et mettez-les dans un vase. Voilà un bouquet de charme annonciateur du printemps.

AMENTIFÈRE

Les plantes qui portent des chatons en guise de fleurs sont dites « amentifères ».

INFLORESCENCE

C’est le mode de disposition des fleurs sur la tige.

AULNE

Les chatons mâles d’Alnus incana ‘Aurea’ sont d’un joli rouge orangé prononcé.

NOISETIER

Pour les amateurs de couleurs notez que le Corylus maxima ‘Purpurea’ a non seulement un beau feuillage pourpre mais également des chatons rouge orangé.

CHATONS NOIRS

Le saule, Salix gracilistyla ‘Melanostachys’ est un asiatique aux chatons spectaculaires. Ils sont verts au départ, puis deviennent pourpre foncé presque noirs avec des anthères rouge brique. A dénicher chez Damien Devos. www.damiendevos.be

‘JAMES ROOF’

Garrya elliptica ‘James Roof’ est un clone mâle dont les épis ont une longueur d’environ 20 cm. Nous l’avons aussi  repéré dans le catalogue de Damien Devos.  www.damiendevos.be

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