Floraisons précoces et douceur inhabituelle

Avec la hausse des températures et l’avancée des dates de floraison, on se met à évoquer le réchauffement climatique. Et le changement des cycles de la faune et de la flore

En principe, janvier le deuxième mois de l’hiver météorologique est le plus froid de l’année. En ce début d’année 2012, les 10 premiers jours ont affiché une moyenne de 7,6°C soit près de 5 degrés de plus que la normale. L’intéressant petit almanach belge (Le grand double Almanach belge dit de Liège édité chez Casterman) précise qu’en janvier : « Il gèle normalement 14,3 jours. Il neige 5,2 jours. Il pleut 14 jours… » Il ajoute : « Le 16 janvier 1942 commençait un des hivers les plus longs : 47 jours de gel jusqu’en mars… Janvier 2007 a été le plus chaud depuis 1830 et l’année 2007 une des plus chaudes. » L’hiver 2008 a lui aussi battu des records de chaleur. Aujourd’hui, on peut considérer que la température moyenne a augmenté de 0,7°C en un siècle, phénomène qui s’est accéléré ces trente dernières années. Le GIEC, Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat  mis en place en 1988 à la demande du G7 et regroupant la plupart des pays du monde le confirme.

Les écosystèmes sont bien évidemment perturbés. La faune et la flore réagissent. Leurs aires de répartition se déplacent vers le nord et les végétaux moins résistants s’acclimatent de plus en plus facilement dans nos régions.

Tous, nous avons pu remarquer le bouleversement des floraisons. Plus précoces que d’habitude. Quelques crocus par ci, quelques jonquilles par là pointent leur nez à une époque où on ne les attend pas encore. Il est loin le temps où ces dernières évoquaient les cloches pascales ! A présent c’est dès la fin février qu’elles dressent leurs corolles jaunes et blanches et ce 13 janvier dernier, elles illuminaient déjà le pied de la cathédrale Sainte-Gudule à Bruxelles.

Les spécialistes, botanistes, pépiniéristes et jardiniers le démontrent. Les études de l’éminent Jardin botanique de Kew à Londres l’attestent. La plupart des plantes ont gagné une bonne vingtaine de jours en précocité. Et principalement les végétaux qui fleurissent tôt au printemps. La phénologie a désormais le vent en poupe. Pour ceux qui ne le savent pas encore, il s’agit d’une science qui étudie le cycle des plantes, germination, floraison, feuillaison, fructification en fonction des variations du climat et des saisons.  Avec le réchauffement climatique, les études phénologiques foisonnent tous azimuts. Et c’est tant mieux. En France, plus proche du jardinier lambda, l’Observatoire Des Saisons invite les citoyens écoresponsables à observer, mesurer et consigner l’impact du changement climatique sur la faune et la flore de leur propre jardin.

Face à cela, il faut bien avouer que les végétaux développent d’excellentes capacités d’adaptation. Ils réagissent aux variations de lumière et de température. Dans notre pays où règnent les saisons, les plantes ont besoin d’une certaine quantité de froid pendant l’hiver pour fleurir convenablement au printemps.  Une hibernation en quelque sorte qui leur fait supporter le gel sans trop de soucis. En fait, un mécanisme d’adaptation pour échapper à la mauvaise saison. Ce temps de dormance diffère d’une plante à l’autre. Il est inscrit dans la mémoire de chaque végétal.

Que faire ?

Pas de panique. Laissez les vivre… vos plantes. Tolérantes, elles s’accommoderont. Les changements de mœurs végétales ne sont d’ailleurs pas rares. On observe parfois deux floraisons successives comme chez le Viburnum x bodnantense ou des floraisons plus parsemées, chaque bouton ne s’ouvrant pas en même temps, comme chez le Prunus x subhirtella ‘Autumnalis’ou le jasmin d’hiver, Jasminum nudiflorum. Mais cela dit, se réveiller trop vite peut aussi se révéler dangereux. Les réserves et les mécanismes de défense pourraient être affaiblis. Surveillez le thermomètre. Gare au gel qui pourrait endommager fleurs, boutons, tiges et racines. Emmitouflez vos plantes fragiles. Au sol installez de la paille, des feuilles mortes retenues dans un grillage à poule ou des branches de conifères pour éviter que les premiers centimètres sous terre ne soient pris. Pour protéger les parties aériennes, mettez un voile d’hivernage non tissé attaché aux branches à l’aide de pinces à linge. Vite fait bien fait. Ce voile laisse passer la lumière et permet à l’air de circuler à l’intérieur, ce qui évite l’excès d’humidité. Pensez à enlever les « couvertures » dès que le temps devient plus clément et les risques de gelées dissipés.

ASTUCES

Attention à l’humidité. Le pire peut arriver quand les coups de gelée assomment des plantes gorgées d’eau. Pour limiter l’humidité, enlevez de temps à autre les protections l’après-midi, dès qu’il fait beau et vérifiez que la vermine –pucerons et cochenilles – ne se soit pas installée. Si oui, badigeonnez les tiges d’eau additionnée de savon noir.

Pots en terre cuite. Ils sont beaux mais s’ils sont mouillés, ils cassent lors d’un premier petit coup de gel. Enlevez donc  les soucoupes pour éviter l’humidité stagnante et surélevez-les pots sur une planchette en bois pour qu’ils ne collent pas au sol refroidi. Protégez-les avec un isolant – carton ou plastique à bulles – et si les risques sont vraiment importants, rentrez-les à l’abri et remplacez-les par des pots en grès plus résistants.

LES PLUS

DICTON : Les 12 premiers jours de janvier indiquent le temps qu’il fera les 12 mois de l’année.

HUILE D’OLIVE : Savez-vous que depuis 4 ans l’Angleterre produit dans le Devon sa première huile d’olive ?

1879-1880 : C’est la date du dernier grand froid du XIXème siècle. Les Sequoia sempervirens ont gelé jusqu’au pied.

VENDANGES : A Chateauneuf-du-Pape, les vendanges commencent 5 semaines plus tôt qu’en 1945.

OBSERVATOIRE DES SAISONS : Site internet : www.obs-saisons.fr

GEL : Le gel pénètre d’un centimètre par jour en période de gel continu.

GRAINES : C’est le moment de commander vos graines. Plus tard il y aura mille autres choses à faire.

Partager