Peut-être est-il temps de changer nos habitudes. Avec le réchauffement climatique, les étés deviennent de plus en plus secs. L’eau de plus en plus rare. Nos jardins sont mis à rude épreuve. Pourtant, un jardin sans arrosage, ça existe ! Aurélien Davroux, ingénieur horticole et conseiller botanique pour des collectivités et des acteurs privés en milieu urbain et péri-urbain vient de sortir un nouvel ouvrage sur le sujet. Une mine d’informations. Avec lui, innovons et modifions nos horizons et nos plantations. L’occasion de lorgner, une fois n’est pas coutume, vers la Méditerranée, la Californie ou même l’Amérique du sud. Cela dit, plusieurs situations différentes, parfois extrêmes, poussent obligatoirement à la réflexion. En effet, la sécheresse se conjugue généralement avec soleil, mi-ombre ou ombre totale.
Le bon plan ? La bonne plante au bon endroit !
A l’aise, sous le soleil
Dans les pots, la rocaille ou le jardin, là où le cagnard guette, quelques plantes sont battantes, voire incontournables. Comme Filipendula vulgaris des prairies sèches, elles ne sont pas nécessairement exotiques, parfois aromatiques telles les lavandes, sauges ou verveines, grassouillettes comme les joubarbes et autres orpins ou encore maigrichonnes comme les petites corbeilles d’argent, Iberis sempervirens tant admirées par nos grands-mères.
Dans la douce gamme des gris, les armoises croisent les santolines et oreilles d’ours, sans oublier le poirier, Pyrus salicifolia ‘Pendula’, qui dans nos contrées a un petit air d’olivier. Dans celle des bleus, se bousculent les lavandes dont on ne peut se passer, les Ceratostigma plumbaginoides, Nepeta x faassenii, les nigelles de Damas, les chardons tels les panicauts et Echinops ou encore les Caryopteris et autres Perovskia. Pour ce qui est du rose tendre, impossible de ne pas évoquer le tamaris de printemps, Tamarix tetrandra.
Pyrus salicifolia ‘Pendula’ Douceur des Tamaris Ceratostigma plumbagoides
Quelques valeurs sûres survivent à toutes épreuves. La petite vergerette des murailles, Erigeron karvinskianus et le pavot de Californie, Eschscholzia californica qui aiment se faufiler entre les pierres, l’aérienne verveine de Buenos Aires, Verbena bonariensis, la fidèle valériane Centranthus ruber ou l’élégant Gaura lindheimeri qui n’a jamais fini de fleurir. Le tout agrémenté de l’une ou l’autre graminée, comme Stipa tenuifolia ou Stipa gigantea qui s’agitent au moindre vent.
Mi-ombre, à l’abri
Le jardinier oublie souvent les coins plus ou moins ombragés de son jardin. Encore plus, s’il y fait sec. Pourtant, les lauréats se bousculent dans ces lieux ingrats. En commençant par de nombreux bulbes. La famille des narcisses mais aussi les muscaris et alliums aux fleurs bien rondes. Lieu de prédilection aussi des coquelourdes des jardins, Lychnis coronaria, des primevères officinales Primula veris ou de la Silene vulgaris.
Au rendez-vous des increvables, un trio gagnant : la campanule des murailles, Campanula portenschlagiana ou poscharskyana à la longue floraison, l’euphorbe petit-cyprès, Euphorbia cyparissias aux fleurs vert chartreuse ou le Geranium macrorrhizum dont le feuillage prend de belles couleurs à l’automne.
Dégringolade de campanules
- Enfin, sachez que quelques plantes vivaces se contentent de peu, de trois fois rien. Les heuchères, les euphorbes, E. amygdaloides et characias, les pulmonaires, hellébores, acanthes ou Phlomis russeliana à la mode dans les jardins contemporains.
- Comme arbustes, les millepertuis, Hypericum, Abelia, céanothes à feuillage persistant ou non, les orangers du Mexique très parfumés, les Berberis efficaces malgré leurs épines peu populaires ou les Eleagnus et les viornes répondent présents.
- Quant aux arbres, les Laburnum appelés pluies d’or mises en scène sur de longues pergolas par les anglais, diverses aubépines, quelques érables comme Acer triflorum et quelques chênes comme Quercus ilex au feuillage persistant ou Q. rysophylla semi-persistant.
Tunnel de Laburnum avec Allium aux pieds à Barnsley House dans les Cotswolds Iberis à toute épreuve et Allium ‘Purple Sensation’ Phlomis russeliana
A l’ombre, sans lumière
Et pour les vraies zones d’ombre sèche ? Les fougères y règnent en maître et se déclinent en différentes familles. Beaucoup de couvre-sol également. Cyclamens, anémones des bois, pervenches, Vinca major et minor, Epimedium ou fleurs des Elfes, Brunnera macrophylla ou encore Geranium nodosum et phaeum. Sans oublier les sceaux de Salomon, Polygonatum odoratum, les élégants Corydalis et autres Dicentra, les Actaea appelés aussi Cimicifuga ou les Arisaema plus sophistiqués.
Epimedium rubrum
L’Ophiopogon au look de graminée n’est pas en reste. Indestructible, il est souvent utilisé par les paysagistes. Surtout O. planiscapus ‘Nigrescens’ au feuillage noir. O. japonicus au feuillage vert foncé mérite certainement une meilleure place dans ces endroits délicats tout comme Hakonechloa macra, une graminée qui n’a pas son pareil pour apporter une note de gaieté.
Ophiopogon noir contraste avec Hakonechloa macra ‘Aureola’
Le choix est moins vaste et moins fun chez les arbustes. Hormis les houx, – qui cela dit, n’ont pas nécessairement des feuilles pointues -, mahonias et osmanthes, on peut compter sur les Sarcococca confusa qui parfument l’hiver, les Aucuba dont on ne retient généralement que le malheureux moucheté de jaune ou encore les Fatsia japonica qui envahissent généreusement les courettes urbaines. Considérez-les, ils ont tous un feuillage persistant non négligeable qui peut rendre bien des services.

Pour creuser le sujet
Toutes les plantes supportant la sécheresse, Aurélien Davroux, Editions Ulmer 2020, ISBN 978-2-37922-081-4