Papillonnons autour des Buddleia

Ces arbustes de l’été se débrouillent tous seuls. Longue floraison, parfum, légèreté et couleur les caractérisent. A adopter pour votre plaisir et celui des papillons

Grâce aux missionnaires

Buddleia ou Buddleja ? A vous de choisir, la différence est minime. Scientifiquement, depuis Linné le  célèbre taxonomiste suédois, on lui préfère le « j ». Appartenant à un genre qui compte une centaine d’espèces provenant presque toutes des régions chaudes d’Afrique, Asie et Amérique, il est nommé en l’honneur du Révérend Adam Buddle, botaniste averti  herborisant à la fin du XVIIe siècle. Devenu très populaire dans nos jardins, il y met de la gaieté lorsque les roses ont décidé de se reposer. Mais cela ne date pas de si longtemps. Les premiers Buddleja n’apparaissent en Europe qu’au XIXe siècle, lorsque différents explorateurs, découvreurs de plantes les repèrent in situ et les rapatrient par monts et par vaux. Robert Fortune, en 1843 dans l’ouest de la Chine, puis le docteur Henry et l’abbé Soulié. Tous trois tombent sous le charme du Buddleia davidii dédié à un autre missionnaire vivant en Chine, le Père Armand David. Les premières graines traversent bientôt les océans et sont mises en culture par les pépinières Vilmorin en France et les pépinières anglaises. Depuis, intrépide, il pousse spontanément  chez nous parfois dans les pires conditions, sur les terrains vagues, le long des voies de chemin de fer ou dans les maisons abandonnées… Attention à l’envahissement !

Tout terrain

Cet arbuste de 2 à 5 m de hauteur, aux tiges anguleuses et veloutées a une croissance rapide mais une durée de vie assez courte. Les feuilles semi persistantes, vertes ou grisâtes, de 10 à 30 cm de long ont un revers duveteux et les petites fleurs tubulaires agréablement parfumées sont disposées en panicules denses, terminaux, de 10 à 50 cm de long. Leurs couleurs varient du lilas pâle au violet en passant par le rose, le pourpre ou le blanc avec au centre une pointe d’orangé. Marathonien de la floraison, de fin juin à début octobre, sa culture est d’une facilité déconcertante. La qualité du sol n’a aucune importance. Pas trop riche et plutôt sec. La seule exigence est une place au soleil. Beaucoup de soleil, au moins pendant une demi-journée.

Réputé peu rustique à la base, il faut bien reconnaître que depuis plus de 50 ans, nous avons un grand choix de variétés robustes et florifères, été après été, grâce au travail d’hybridation des pépiniéristes. Même si sa jeunesse est parfois ingrate, à taille adulte sa silhouette souple mais un rien désordonnée, fait merveille dans les grands jardins et les haies libres. Dans les fonds de parterres, il s’harmonise avec les couleurs de fin de saison. Sans oublier qu’avec son feuillage semi persistant, il a une place de choix dans les compositions hivernales.

L’arbuste aux papillons

Autour du Buddleja, c’est le grand rendez-vous de l’été. Ses fleurs parfumées allèchent quantité de papillons qui raffolent de leur nectar. Vulcains et machaons certainement mais aussi une multitude de butineurs comme les abeilles. Le parfum dégagé est assez puissant surtout aux heures chaudes de la journée. Des senteurs  fleuries et sucrées. Une touche de vanille avec, pour ceux qui ont du nez, un soupçon de chocolat ou de pain d’épice. En hiver, lorsque les branches défleuries ne sont pas coupées, les graines attirent les oiseaux. La raison pour laquelle le Buddleja s’invite parfois au jardin sans prévenir…

Le rabattre sans sourciller

La seule chose à faire ? Le tailler chaque année de manière drastique. Pour qu’il vive plus longtemps sans développer du vieux bois qui pourrait l’affaiblir. Rabattez-le à la fin de l’hiver, en mars, à 15 cm de haut. Il gardera alors une touffe bien ramifiée. Sachez que les fleurs s’ouvrent sur le bois de l’année. C’est la raison pour laquelle, il ne faut pas tailler trop tôt quand les gelées pourraient encore sévir et pas trop tard pour ne pas postposer la floraison. Si les branches sont abîmées ou détruites par le gel, il est fréquent que la végétation reparte de la base.

Pour les vieux sujets mal entretenus, retenez ce principe général applicable à la taille de tous les végétaux du jardin : introduire la lumière au creux de l’arbuste en éclaircissant la touffe. N’hésitez pas à enlever le vieux bois et à couper les jeunes rameaux vigoureux le plus bas possible, environ 30 cm du sol, pour qu’ils puissent émettre de nouvelles tiges.  Surtout n’ayez pas peur. Il vous le rendra l’été suivant. Les fleurs seront plus grandes.

La taille des fleurs fanées peu élégantes, – surtout les blanches qui fanent mal -, permet aussi d’espérer une seconde floraison, environ 2 semaines plus tard sur des rameaux secondaires.

Variétés

Buddleja davidii  le chinois est le plus connu. Il est le père de la majorité des cultivars.

  •  Il y a les grands qui peuvent atteindre 3m de haut comme ‘Black Knight’ violet foncé, ‘Royal Red’ le meilleur rouge, ‘White profusion’ le meilleur blanc, ‘Pink Perfection’ et  ‘Pink Delight’,  rose cyclamen ou ‘Empire Blue’ plus bleuté.
  • Quelques-uns plus compacts, conviennent bien pour les petits jardins : la série des Nanho  d’environ 1m50 de haut. ‘Nanho Blue’ aux courtes panicules bleu clair-lilas, ‘Nanho purple’, indigo  et ‘Nanho White’.
  • Quelques  hybrides comme B. ‘Lochinch’, ou ‘Glasnevin Hybrid’, croisements de B. davidii et B. fallowiana, d’environ 2,50 m, à longs rameaux arqués feutrés de gris argent ont de fines panicules de fleurs violet et bleu lavande. Ils sont magnifiques mais pas aussi rustiques que les B. davidii.  Un autre, B. x weyeriana ‘Sungold’, croisement entre B. davidii et B.globosa originaire du Chili et du Pérou, à la silhouette imposante, 3m50, peut lui aussi souffrir des premiers froids. Ses fleurs jaune vif à œil orangé comme des petites balles de ping-pong orange font 30 cm de long.

Une nouvelle génération de Buddleja intéressera les propriétaires des petits jardins. B. ‘Blue Chip’ obtenu aux U.S.A. en 2004, un nain d’1 m de hauteur pour une largeur d’1 m, exhibe un port arrondi, un feuillage vert argenté et une floraison bleue en épis courts. Excellent en bac et jardinière.

Pour les amateurs de feuillage panaché, notez B. d. ‘Masquerade’, vert tendre marginé de blanc à floraison rouge pourpre ou B.d. ‘Harlequin’, marginé de jaune puis de crème à floraison rouge pourpre foncé.

Qui n’est pas tombé en pâmoison devant B. lindleyana, un autre chinois, à la silhouette évasée, jusqu’à 1m80 de haut, aux inflorescences effilées violet velouté à l’intérieur et argentées à l’extérieur ? Peut-être moins spectaculaire que le type mais tellement charmant et délicat.  

Buddleja alternifolia enfin vous ravira également, mais au printemps. Un grand format de 4m de haut aux petits bouquets de fleurs parfumées lilas en très longues grappes réparties sur tout le rameau dont le feuillage argenté ressemble à celui de certains saules. B. a. ‘Argentea’ est la version argentée un peu plus fragile.

A propos du Buddleja

 Un lecteur attentif attire notre attention sur le caractère invasif des Buddleja. Ces arbustes sont effectivement controversés dans certains lieux comme les terrains vagues, les bords de routes, de voies de chemin de fer et les berges de rivière qu’ils peuvent coloniser. Au jardin, prenez garde à ne pas les laisser se ressemer.

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