Quand le Japon donne le ton

On sait que depuis un an, chez nous, différents évènements culturels sont consacrés au Japon Mais saviez-vous le pourquoi du comment ? Ne cherchez pas trop loin ! Tout simplement en l’honneur d’un siècle et demi d’amitié !
Jardin-zen-au-Ryogen-ji

Oui indiscutablement, il nous est agréable en ce début d’année nouvelle de commencer notre rubrique par quelques mots d’amitié. Je dirais même plus, 150 ans d’amitié entre 2 pays ayant forgé leurs premières relations diplomatiques le 1er aout 1886 par la signature d’un Traité d’amitié, de commerce et de navigation. De quoi mettre la Belgique à l’heure des mangas, origamis et autres sushis, organiser tous azimuts des cérémonies de thé et de nouvel-an, des expositions d’estampes ou de calligraphie ou créer des espaces japonisants. Pour nous les jardiniers amateurs, l’occasion est belle de nous plonger dans cette culture où la nature est éternelle… presque divine.

Pas tous pareils

C’est une erreur de penser que tous les jardins japonais se ressemblent. Au contraire. Il y a les « jardins de plaisance », les «jardins- paradis », les « jardins de thé » ou les « jardins- promenades ». Pas seulement des décors bien plantés mais des lieux magiques où chacun aime se fondre dans la nature. La vraie, celle qui change constamment au rythme des saisons à l’image de la vie humaine. Une tradition qui ne date pas d’aujourd’hui.

Les jardins de plaisance ou de divertissement (XVIII au XIIe siècle) sont le fruit de l’imagination d’aristocrates en quête de distraction. Au centre de la composition ? Une pièce d’eau agrémentée d’un ou plusieurs îlots mythiques, l’île grue et l’ile tortue, symboles de longévité. Les « jardins paradis » (XII au XVe siècle), initiés par le bouddhisme, entourent généralement temples et monastères car ils ont une vocation religieuse. Avec certaines variantes ou adaptations comme le « jardin sec ou Zen », aussi étonnant que sobre. Au bord d’une terrasse, relativement petit,  tout y est immuable. Tout y est minéral. Les pierres et le sable forment une composition épurée contemplée par moines et visiteurs en quête de vérité ou d’expérience existentielle du vide.

Les jardins de thé (XIV et XVe) font office de transition vers les pavillons jalonnant le parcours et consacrés aux cérémonies du thé. Ils apportent à la fois le calme nécessaire et un cadre enchanteur. Quelques éléments décoratifs les accompagnent. Des lanternes de pierre, une vasque d’eau purifiante, des pierres de passage traçant les sentiers, les fameux pas japonais. Contemplés comme un tableau de l’intérieur de la maison, ils participent à la culture de l’intimité familiale. Les « jardins -promenades » plus tardifs (XVII au XIXe) sont quant à eux créés pour exhiber la fortune et la notoriété de leurs propriétaires, shôgun ou daimyo. De grande ampleur, ils ne ressemblent en rien aux précédents. Au gré de la déambulation, des perspectives majestueuses et parfois inattendues y sont distillées. Même les collines environnantes y sont parfois habilement intégrées selon la technique dite du paysage  emprunté. De quoi rendre ces espaces encore plus vastes. Nourris par la tradition, ils sont parsemés d’étangs et ruisseaux, d’assemblage de pierres, de lanternes, de vasques et dalles de passage.

Les points forts

Dans tout jardin japonais qui se respecte, le rapport à l’eau, symbole de la vie, est primordial. Celle du ciel, des mers, des rivières, des étangs mais aussi celle des rites de purification. Dans les jardins secs, l’eau n’est pas visible mais elle est évoquée par une mer de sable ou de galets lorsqu’elle est calme ou par des vagues de rochers, de camélias ou d’azalées lorsqu’elle est vive.

Le deuxième élément indispensable est le minéral représenté par des pierres dressées selon différentes règles d’esthétique, des graviers en bordure d’étang ou du sable savamment et régulièrement ratissé. Blancs, parfaits pour traduire les effets du clair de lune, sable et graviers sont un petit clin d’œil aux rizières des campagnes ou à la cime blanche du célébrissime mont Fuji. Le minéral réussit à lui seul à jouer avec l’ombre et la lumière, à incarner tous les éléments terrestres.

Enfin, après l’eau et le minéral, vient enfin le tour du végétal. Choisi essentiellement pour marquer les saisons, il renvoie à la vie fragile et éphémère. A la fugacité des choses. La floraison printanière des cerisiers d’ornement fête le renouveau, les feuilles enflammées ou mordorées des érables marquent l’automne avec splendeur. Le pin fait exception. Ses branches aux aiguilles persistantes restent constantes en toute saison. Sa silhouette est régulièrement taillée, fluidifiée ou … torturée, c’est selon. D’autres feuillages persistants comme ceux des azalées ou camélias l’accompagnent. Sans oublier les bambous bons à tout faire qui font partie intégrante du paysage nippon et last but not least, honneur aux mousses si fragiles, véritable tapis de verdure magique développé par l’humidité et la chaleur du climat.

Des idées à développer

Même si chez nous, nous n’avons ni le climat ni cette culture du jardin, pourquoi ne pas s’inspirer des bonnes et belles choses du Japon ? Pour vous en donner l’envie, allez visiter dès ce printemps

Partager