Chez Griet, le triomphe des plantes vivaces

Pour les amateurs de fleurs, la promenade dans le jardin de Griet est jubilatoire. Ses borders à l’anglaise nous emportent dans un tourbillon de couleurs et de sensations

A Nieuwrode, près de Louvain, au cœur du village, dans un lotissement plutôt « classique », se cache le jardin de 32 ares de Griet Reusen – S’Heeren. Une allée élégante, un rien austère, ponctuée de colonnes de charme se faufile entre les maisons voisines. Elle mène au jardin de Griet. D’abord un espace tout de blanc et de gris vêtu. Après avoir contourné la maison, l’amateur averti ne s’y trompe pas. Ici on sait jardiner. La composition est belle, luxuriante, le mariage des plantes parfait et leur santé irréprochable. Lorsqu’on apprend au détour du chemin que la jardinière des lieux est une physicienne nucléaire reconvertie au métier de paysagiste, on tire son chapeau.

Structure avant toute chose

Lorsqu’en 2008, Griet décide d’abandonner son job dans une importante entreprise internationale qui l’obligeait à beaucoup voyager, elle le fait non seulement pour entamer une formation de paysagiste mais aussi et surtout pour être plus présente auprès de sa famille. Ce changement de vie ne lui fait pas peur. Le virus du jardinage, elle connait ; elle le tient de sa mère… sans doute qu’un peu de terre doit couler dans ses veines.

Si elle habite dans une région à chicons où jadis les vignes et les pêchers étaient monnaie courante, elle doit malheureusement vite déchanter. Le sol n’est rien d’autre qu’une terre de remblai pauvre et argileuse contenant beaucoup de fer. En été, du béton et en hiver un véritable marécage, d’autant plus que la parcelle, située en contrebas de la route, est régulièrement inondée. Griet tient bon et ne se décourage pas. Après avoir fait décompacter le sol, elle fait venir des camions et des camions de terre de qualité, jusqu’à 40 cm d’épaisseur. Pour la petite histoire, à chaque anniversaire elle recevait comme cadeau, un camion de terre.

Avec une imagination des plus créatrices, elle débute par le commencement, des haies d’if, charme, buis ou hêtre pour diviser l’espace et structurer le jardin. Mais aussi pour se protéger des maisons toutes proches et créer un éden totalement indépendant du voisinage. Elle dessine des cheminements engazonnés ou les recouvre de broyats, de gravier. Différentes ambiances apparaissent : un potager avec des petits carrés de légumes surélevés par des planches en bois, quelques fruitiers palissés, un patio sous les catalpas, des chambres de verdure, une terrasse en bois bordée d’un étang.

Les vivaces à l’honneur

Avant tout ce qui l’intéresse, ce sont les plantes vivaces. Les parterres ou mixed-borders à l’anglaise l’enchantent. Elle les a découvert en live dans de fabuleux jardins outre-Manche, mais aussi à Oostkamp chez son ami Maurice Vergote. Le jardin de ce mentor n’existe malheureusement plus, mais tous ceux qui l’ont visité, affirment sans hésiter qu’il comptait parmi les plus beaux de Belgique.

Passionnée, on dénombre chez elle, pas moins de 700 plantes dont elle connait tous les caractères. Les floraisons se répondent et se succèdent, mises en scène selon leurs couleurs et les formes des feuillages. Généralement, elle utilise 2 ou 3 tonalités par parterre. Le bleu associé au rose et au pourpre, le gris et le blanc, le jaune qu’elle aime beaucoup, marié à l’orange et au bleu et des pointes de rouge glissées parmi le jaune et l’orange pour illuminer les mois de juin et juillet. Dans la double plate-bande, deux grandes vagues ondulent de part et d’autre de l’allée de gazon et enveloppent le visiteur dans une marée de floraisons hautes en couleurs. Les associations sont ici un art véritable, qui conduit à une harmonie apaisante.

Pour que le jardin soit beau toute l’année, Griet ajoute des bulbes pour le printemps, – environ 300 à 400 par an – ; en été, les rosiers, de préférence des hybrides musqués jamais malades, sont les rois associés aux différents dahlias. En hiver, c’est le temps des hellébores et quelques arbustes comme les Hamamelis et Sarcococca.

Entretien un jour, entretien toujours

Un beau jardin ne tombe pas du ciel. Il exige savoir-faire, patience et endurance d’autant plus qu’ici, les conditions de sol et de culture ne sont pas des plus faciles. Les vivaces pour être belles doivent notamment d’être divisées tous les 2/3 ans afin de limiter leur développement et garder l’équilibre général du parterre. Entre mars et octobre, Griet avoue y travailler de l’aube au coucher du soleil. L’exubérance et la bonne santé de ses protégées prouvent le bien-fondé de la méthode.

Quant aux haies, colonnes et pyramides d’ifs, elles sont taillées régulièrement par son mari. Dans le jardin, aucun traitement chimique. Quelques granulés bio contre les limaces sont régulièrement déposés au pied des plus délicates et pour éradiquer le liseron et la prêle, elle compte tout simplement sur sa patience et l’huile de bras. Des erreurs, elle en a fait comme tout le monde. Elle avoue par exemple, que les premiers arbres n’ont pas survécu dans ce sol en béton armé et qu’elle a dû pour finir les planter sur buttes. Oui, de chaque erreur, il y a toujours un enseignement à recueillir. C’est ça l’expérience.

A découvrir absolument 

Via l’asbl Jardins Ouverts.   

Rejoignez sans attendre cette belle association ! Vous serez enchantés de déambuler dans le jardin de Griet mais aussi dans plus de 160 parcs et jardins privés qui ouvrent leurs portes : www.jardinsouverts.be

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