Le Jardin botanique Jean Massart fête son centenaire

L’occasion de (re) découvrir une incroyable oasis de nature et de biodiversité mais aussi un lieu de référence et sa collection de végétaux

À Auderghem, dans une zone urbanisée en bordure de la Forêt de Soignes, à côté de l’ancien prieuré de Rouge-Cloître, se cache un musée vivant résolument tourné vers l’avenir, qui répond aux défis de notre société actuelle.

Etang de Rouge-Cloître vu du Jardin Massart

Jean Massart (1865-1925)

Jean Massart, professeur de botanique à l’ULB, Université libre de Bruxelles, est un ardent défenseur de la Nature avec un grand N. Il aime partir sur le terrain, explorer et expérimenter. Dans des contrées lointaines mais aussi et surtout dans son pays qu’il arpente régulièrement pour y observer les milieux naturels. Photographe averti, il se met à esquisser une véritable géographie botanique de la Belgique.

Ardent pionnier et défenseur de l’environnement, il publie un livre manifeste intitulé « Pour la protection de la nature en Belgique » où il se met à rêver de réserves naturelles à protéger au nom de la science. Un autre combat lui tient spécialement à cœur au sein de l’ULB : associer la pratique à la théorie étudiée ex cathedra. En effet, à cette époque charnière entre le XIX et le XXème siècle, il n’existe pratiquement pas de labos, d’exercices pratiques, de publications scientifiques, ni de connexions avec les milieux non académiques.

Jardin éthologique

Plan de Jules Buyssens ©CIVA

En 1922, l’heure est donc venue pour lui de créer un jardin botanique différent de celui de Bruxelles pour lequel il a travaillé pendant quelques temps. Sur une parcelle d’1,5 ha, il imagine un concept original de « jardin éthologique ». Ou, comment réaliser sur une petite surface, une mini Belgique botanique constituée de ses principaux milieux naturels : des plages, prairies humides, marais, bords d’étangs, zones de roches calcaires ou terres de bruyère…  En réalité, il compose un jardin mosaïque avec toute une série de milieux différents bien séparés où le paysage serait idéalisé. Le tout, s’inscrivant dans l’environnement de la Forêt de Soignes, du Rouge-Cloître et d’une des premières cités-jardins, celle du Transvaal, située en face.

Pour ne pas verser dans la collection systématique plutôt ennuyeuse, il fait appel à Jules Buyssens, architecte paysagiste en vogue, qui avait déjà proposé pour ce lieu un projet de jardin zoologique. Jules Buyssens était une vieille connaissance avec qui il avait fondé en 1913 le mouvement, Le Nouveau Jardin Pittoresque, qui tentait de renouveler voire révolutionner l’art des jardins jugé trop artificiel, avec des plantes directement inspirées de la nature sauvage. Ensemble, un vrai dialogue se noue, mêlant de manière indissociable, l’esthétique au scientifique.

Panneau didactique le long du sentier

Natura 2000

Après la mort de Jean Massart, d’autres parties et agrandissements du jardin apparaissent pour former une superficie totale d’environ 5 ha. Notamment un grand jardin d’essai, un arboretum, un jardin d’expérimentation horticole, – assez novateur à l’époque -, et à l’entrée, une roseraie de bienvenue. Dans les années 60, l’entretien du jardin éthologique pas vraiment écologique, – il fallait notamment chaque année, amener du sable et refaire les dunes -, est progressivement abandonné pour évoluer petit à petit en zone naturelle humide.

Après de sérieux remaniements imposés par la construction du viaduc Hermann-Debroux impliquant la destruction de plusieurs zones dont la roseraie, un jardin phylogénétique, dit de l’évolution, inspiré de l’histoire du développement des plantes à fleurs, est installé. Aujourd’hui, le jardin botanique est repris dans le réseau Natura 2000 ; propriété de la Région de Bruxelles-Capitale, il est géré par Bruxelles Environnement en collaboration avec l’ULB qui en assume la responsabilité scientifique.

Centenaire

A l’occasion de son anniversaire, le jardin est relooké. Un magnifique réseau de chemins ondulants traverse le lieu. D’abord vers la zone humide, véritable réserve naturelle habitée de milliers d’insectes où poussent l’iris jaune, la grande prêle ou la menthe aquatique. Puis vers un arboretum, un verger et sa prairie de fauche, le jardin de l’évolution, celui des plantes médicinales et aromatiques, deux bassins et un jardin d’expérimentation.

Plus que jamais voué à des activités de recherche et d’expérimentation, il développe aussi celles de vulgarisation pour le grand public via notamment des panneaux pédagogiques informatifs. Des visites guidées sur différents thèmes sont organisées et également des tas d’activités pour que petits et grands puissent s’approprier le lieu. Le programme festif est copieux et varié : un cycle de conférences au CIVA, – Centre international pour la Ville, l’Architecture et le Paysage -, des ateliers créatifs et stages pour enfants, une exposition de photographies montrant la vie cachée du jardin, des balades contées, des spectacles pour enfants et même une séance de cinéma …sous les étoiles. Jusqu’au 30 septembre, une exposition intitulée, Le Jardin Massart, 100 ans d’histoires botaniques, offre un panel choisi de documents, photos et plans originaux, particulièrement intéressants pour mieux comprendre l’évolution du site.

En pratique

Chaussée de Wavre 1850 à 1160 Auderghem

Ouvert du lundi au vendredi en accès libre de 8 à 20.30h

Visites guidées générales :  2ème samedi du mois à 14h30 de mai à octobre et autres visites guidées selon une thématique

De mai à septembre : expos, projections, conférences, spectacles et animations…

https://environnement.brussels

https://civa.brussels

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