Début juin 2018, 4 jardins du pays de Waas, entre Anvers et Gand, ouvraient leurs portes dans le cadre de l’asbl Jardins Ouverts de Belgique. L’occasion pour nous de visiter un coin que nous ne connaissions pas très bien et de repérer une perle, De Wiedenhof, lieu de vie de Monsieur et Madame Laureys-Wynter. Le mot wieden, que l’on ne peut pas vraiment traduire en français, évoque le fait d’enlever les mauvaises herbes à la main. Tout un art de vivre à découvrir encore ce week-end !
Jardiniers autodidactes
Arrivés il y a 53 ans dans le village de Vrasene, avec enthousiasme, le couple se met à planter leur première parcelle de 1200m², d’une profondeur de 50m, située plein sud. Il y a 20 ans, l’opportunité d’acquérir la prairie voisine prolongeant le jardin de 100m change leur vie. A la tête de ce nouveau domaine, ils commencent un vrai jardin. Sans plan précis mais avec des idées plein la tête et de l’énergie à revendre de quoi expérimenter, planter et déplanter sans relâche et surtout apporter des centaines de m³ de compost pour améliorer un sol sablonneux bien trop pauvre.
Après avoir essayé une culture d’asperges pas vraiment réussie, les mulots s’en donnant à cœur joie ; ils plantent des rhododendrons. A leurs yeux, pas idéal non plus, car après la floraison, les grandes feuilles vernissées vert foncé offrent un spectacle plutôt tristounet. C’est alors que vient l’idée d’installer des plantes vivaces pour donner de la couleur à l’ensemble. Aujourd’hui, contents du résultat à 95%, ils décident d’entretenir leur éden, tout simplement. Une seule exception à cette règle, l’ajout d’arbustes à intérêts multiples à la place des vivaces, pour simplifier et limiter encore l’entretien.

Un long tuyau
Imaginer un joli jardin à partir d’un long tuyau de 150m de long sur 25 de large n’est pas évident. Les clefs de la réussite sont diverses. Diviser le jardin en ambiances différentes pour dévier l’axe de vue principal et le compartimenter avec des haies stimulent l’imagination car il n’est plus possible d’apercevoir d’emblée le fond. Créer des points d’attraction, des petits coins et recoins qui assurent l’intimité rend le jardin invisible d’un seul coup d’œil et le fait paraitre plus grand. Dissimuler ses limites, l’intégrer à l’environnement, garder une idée directrice simple, jouer sur la hauteur des lignes horizontales, rythmer celle des végétaux et des niveaux du sol pour faire rebondir le regard, tout cela contribue à modifier la perception réelle des dimensions. Ici, l’ajout de la parcelle voisine a naturellement créé une deuxième partie bien différente de la première.

Premier jardin
A l’arrière de la maison, le premier jardin est relativement épuré. Une mixed-border à droite entrecoupée d’une terrasse, des arbustes et couvre-sol à gauche et au centre, un vide, la pelouse qui fait office de respiration dans la composition. Trois arbres le ponctuent ; deux platanes taillés courts et un sorbier. Un détail très contemporain attire l’attention : le mouvement donné par des bandes de gazon tondu à une hauteur différente. Dans l’idée du Land Art. C’est la solution bien trouvée de Monsieur Laureys pour estomper les couleurs différentes de pelouse dues à l’emplacement d’anciens parterres. Au bout du premier jardin, une haie perpendiculaire d’ifs, derrière quelques arbustes à feuillage persistant, assure la structure.


Deuxième jardin
Dans le deuxième jardin, au départ d’une idée glanée dans le jardin de Mien Ruys, architecte paysagiste hollandaise renommée, 4 haies sont plantées en parallèle de la première, pour former des chambres de verdure et permettre des plantations et ambiances différentes. A l’origine un potager, puis des parterres de fleurs. D’un côté un abri de jardin dans laquelle Monsieur Laureys se réfugie pour peindre les couleurs du jardin, de l’autre 3 élégants Cornus kousa var. chinensis ‘China Girl’ en majesté et un petit potager caché derrière des ifs bien taillés.

Troisième jardin
Dans la troisième parcelle, deux sentiers de gazon de 90m de long sont dessinés en parallèle. D’un côté, il est bordé d’une double rangée de charmes dont les pieds sont plantés de couvre-sol comme les Hosta, Epimedium, Ophiopogon, Hakonechloa et Asarum europeum. De l’autre côté, au soleil, une mixed-border double foisonnante de vivaces tels les Delphinium, Geranium, Allium, lupins, Sisyrinchium et Phlomis, hémérocalles, sauges, valérianes, Heuchera et roses. Des Filipendula vulgaris et des Anemone canadensis assez envahissantes, s’y faufilent pour apporter une touche naturelle et sauvage tout en côtoyant le fameux pavot de l’Himalaya. Au bout des allées, comme point focal, une arcade surmontée d’un rosier ‘Guirlande d’amour’, un banc ou une terrasse accueillante.


Chemin d’ombre
Entre le haut et le bas du terrain, il existe un dénivelé d’environ 1m50. Au fond, l’humidité règne et permet d’installer un autre type de plantes. Un chemin à l’ombre colonisé par des fougères, Hosta, Polygonum, Brunnera et pulmonaires mène à un banc lové dans une mer d’Hosta, astilbes et Rodgersia. Derrière lui, une trouée de lumière dans les arbres et les haies ouvre les limites du jardin sur la campagne environnante.

Jardin découvert via l’asbl Jardins ouverts de Belgique : www.jardinsouverts.be