Nous y sommes allées il y a plus de 15 ans et nous y sommes retournées il y a quelques jours. La magie était à nouveau au rendez-vous ! Nous avons retrouvé cette carrière de granit transformée en fabuleux jardin et agrandie par quelques nouveaux espaces.


Un moraine glacière
Il en fallait de l’audace, de l’énergie et de la persévérance pour entreprendre un tel exploit ! Installer un jardin sur une ancienne moraine glacière n’est pas courant. A Granges -sur-Vologne, à 700 m d’altitude, au-dessus de Gérardmer, Thierry et Monique Dronet n’ont pas ménagé leurs forces. Infatigables, ils ont déplacé des montagnes pour créer un jardin à 4 mains. Il est paysagiste, elle est pépiniériste collectionneuse de plantes. Un travail acharné de plus de 20 ans mêlant avantageusement les compétences de chacun les attend. Après avoir arraché des milliers d’épicéas, ils font venir des centaines de camions de bonne terre pour recouvrir un sol souvent ingrat où la roche affleure et puis seulement, ils dessinent et plantent leur jardin.
Le résultat ? Un éden de moyenne montagne, sillonné par des allées engazonnées et composé de zones humides ou au contraire très sèches, de rocailles de plein soleil ou de sous-bois qui accueille environ 4000 plantes de l’hémisphère nord, celles des bords de mer comme celles de l’Himalaya.

Et une vingtaine de jardins
Aménagé patiemment au fil des ans, l’ensemble démarre avec un jardin de cottage somme toute assez classique avec pergola, potager et massifs de plantes vivaces. Plus loin, un talus abrite les écorces décoratives des bouleaux et cerisiers, puis en passant par une cascade de rosiers et un jardin qui décline en toute saison les nuances de pourpre, apparait la chaussée des géants. Soit un chemin creux dans lequel on se sent tout petit parmi des végétaux XXL. Dans la chambre des dames, espace octogonal clos de charmes, on s’arrête pour humer les senteurs et pour se reposer sur un banc avant de s’enfoncer dans un univers plutôt chaotique, une sorte de labyrinthe dominé par les lignes verticales et horizontales des ifs.
L’eau est présente partout mais incontrôlable, il a fallu jouer avec elle et la canaliser. Miroir d’eau, cascade, étangs et petits ruisseaux, tout concourt à apporter au lieu, fraîcheur et sérénité. Elle accompagne le visiteur tout au long de la promenade parsemée d’ambiances très différentes. Des jardins alliant minéral et végétal, dédiés à la pluie ou aux plantes piquantes et épineuses jusqu’au jardin bohémien, point d’orgue de la composition. Une prairie fleurie, sauvage et colorée que l’on peut apercevoir d’une cabane de lecture où il est bon reprendre son souffle. Pour Thierry et Monique, ce jardin vallonné représente le jardin de demain où les plantes sauvages et vagabondes, bonnes ou mauvaises viendront côtoyer avec bonheur d’autres plus distinguées, savamment installées dans une nature reconstituée.
Jardin bohémien
Chambre des dames


Des mousses
Le jardin des mousses est le dernier né. Il a ouvert ses portes en juin. Il pourrait faire penser aux jardins japonais sauf qu’il est constitué de mousses locales apparues naturellement après le nettoyage du sous-bois au sol acide. Dès que les épicéas ont été dégagés, bouleaux et hêtres ont été envahis par une trentaine de mousses et lichens différents. Un spectacle aujourd’hui poétique et inattendu. Des rais de lumière se fraient un passage parmi les troncs… le silence est d’or.


Et les 4 saisons
Même si ici l’hiver est rigoureux, -15 à -20°C entre janvier et avril, la neige protège les végétaux choisis pour leur résistance à toute épreuve. La saison est certes plus courte qu’en Normandie, mais elle est intense. En avril, la saison démarre en fanfare avec la collection de narcisses savamment mis en scène. Plus de 400 variétés égaient les massifs, accompagnés d’anémones, fritillaires, crocus, muscaris et autres bulbes. En tout, 40.000 corolles de fleurs pour fêter le retour du printemps.
En mai, vient le temps des vivaces avec la collection de primevères candélabres parmi les violettes et les premiers géraniums. Mais aussi les daphnés, les belles Primula auricula, ces auricules collectionnées au XVIIIe et quelques plantes alpines comme les Lewisia ou les gentianes.
En juin, règne le bleu grâce au rare pavot de l’Himalaya naturalisé dans le jardin et aux campanules, delphiniums, Camassia et Anchusa… alors que juillet est magnifié par les roses, qu’elles soient sauvages, couvre-sol, buissonnantes ou grimpantes. Sans oublier les floraisons des Hydrangea de notre compatriote pépiniériste Thierry de Ryckel de la Pépinière de La Thyle.
En août, les graminées entrent dans la danse, escortées de phlox, eupatoires, Helenium et Helianthus, les soleils de l’été. Omniprésentes en septembre, leurs chaumes prennent des couleurs douces en compagnie des asters dont le nouveau nom imaginé par les botanistes est Symphyotricum. En octobre, avant de tirer sa révérence, le jardin exhibe ses plus beaux feuillages, fruits et écorces. Un vrai régal de couleurs douces et mordorées sous une lumière rasante.
Infos pratiques
Monique et Thierry Dronet
Berchigranges à 88640 Granges-sur-Vologne
T. + 33 (0)3 29 51 47 19 www.berchigranges.com

