L’histoire exotique de Menton, petit port situé entre le cap Mortola et le cap Martin, commence réellement à la Belle Époque, dès la fin du XIXème siècle. Son climat exceptionnellement clément, chaud et humide, attire d’abord une large clientèle de cure venant y traiter la tuberculose, puis les têtes couronnées et les happy few riches et cosmopolites d’avant le krach boursier de 1929. Ils viennent y rechercher en hiver un peu de douceur, de chaleur et de lumière. Une hôtellerie de luxe, écrin de jardins luxuriants se met rapidement en place pour les accueillir. L’occasion est belle d’acclimater des plantes originaires des lointains empires coloniaux. C’est ainsi que commence à Menton un véritable chassé croisé de plantes et de jardiniers.
La promenade des anglais
Serre de la Madone
Des jardiniers de génie s’y établissent chaque année dès la fin de l’automne jusqu’au printemps. La plupart sont d’origine anglaise. Lawrence Johnston propriétaire du célèbre domaine d’Hidcote Manor dans les Cotswolds qui a marqué l’art des jardins dans le monde entier s’installe à la Serre de la Madone sur les hauts de la ville. Aussi Sir Percy Radcliffe et plus tard Miss May Campbell au jardin de Val Rahmeh ou la famille Waterfield au Clos du Peyronnet. Tous, ils décident de rivaliser avec les collections du merveilleux jardin d’acclimatation des frères Thomas et Daniel Hanbury situé à 3km de Menton, juste au-delà de la frontière italienne. Tous, ils se prennent au jeu, deviennent paysagistes, découvreurs de plantes ou botanistes à leurs heures.
Val Rahmeh
Clos du Peyronnet Clos du Peyronnet
Menton, soucieuse de son développement touristique, soigne ce nouvel exotisme et décide de tropicaliser la ville. Son slogan « ma ville est un jardin » est une réalité. Les rues sont bordées d’élégants palmiers des Canaries, palmiers dattiers, cycas, faux poivriers, bananiers, agaves, Jacaranda, Eucalyptus et autres Albizzia. Même le vieux cimetière où reposent tant de célèbres anglais est à lui seul un vrai jardin botanique.
Citrons et tutti quanti
Plusieurs jardins leur sont consacrés. Notamment le Palais Carnolès ancienne propriété Grimaldi aujourd’hui Musée des beaux Arts et le domaine de la Citronneraie appartenant à l’ancien coureur automobile François Mazet reconverti en passionné d’agrumiculture. Une collection de citronniers mais aussi des cédratiers, bigaradiers, orangers, kumquatiers, pomélos, limettiers et j’en passe… Le citron de Menton autrefois exporté en masse est devenu aujourd’hui une denrée rare. On est loin des 100.000 citronniers des années 30. Aujourd’hui, seuls 1500 arbres perpétuent encore cette tradition. Leurs fruits un peu plus gros qu’un citron classique, à la peau un peu plus épaisse, au zeste parfumé et à la pulpe savoureuse sont reconnaissables entre mille. Un citron dans lequel on peut mordre sans craindre les vilaines acidités de ses cousins d’Espagne ou d’ailleurs. Chaque année, de mi février à mi-mars, la ville lui rend hommage lors de la fête du citron.
Hymne à la verticalité ébouriffée
Des palmiers plus exotiques les uns que les autres font désormais partie du paysage. Botaniquement parlant, ils ne sont pas des arbres mais en fait des herbes géantes. Leur tronc est nommé stipe et leurs feuilles, palmes. A la villa Maria Serena édifiée à la Belle Époque par Charles Garnier pour la famille de Lesseps, on peut découvrir une collection de palmiers rares à l’ombre desquels poussent des couvre-sol tropicaux et des petites plantes typiquement méditerranéennes comme le myrte ou le lentisque.
Deux autres jardins méritent aussi la visite. Celui de Fontana Rosa une création fantaisiste de l’écrivain espagnol Blasco Ibanez dédié à ses auteurs favoris tels Cervantès, Dickens ou Shakespeare et celui des Colombières, œuvre de ce touche-à-tout de génie qu’est Ferdinand Bac, écrivain, critique d’art et paysagiste qui y a imaginé un parcours initiatique parmi la mythologie antique.
Fontana Rosa
Infos pratiques : www.tourisme-menton.fr
