Isola Bella, sur la route des vacances

Mi septembre, la libre jardin s’envole vers les lacs du nord de l’Italie. Entre Lombardie et Piémont, dans un écrin montagneux, isola Bella recèle de magnifiques jardins

Après le passage des Alpes, un petit paradis sur terre se profile face à un paysage grandiose. Le lac Majeur est une étape incontournable. Un lieu de villégiature choisi pour son climat tempéré, jamais très froid en hiver ni desséché en été. Isola Bella, la plus célèbre de ses îles abrite dès le XVIIe, un vaste palais appartenant à la famille Borromée et ses fabuleux jardins formels.  Sans doute aujourd’hui les mieux conservés du pays. Du baroque à l’état pur. A l’italienne. En réalité, un grand rocher transformé en jardin enchanté. Magique.  

Depuis les rives du lac, on devine la forme de l’île. Un gigantesque navire. Sa poupe au sud est constituée d’une spectaculaire pyramide tronquée divisée en de multiples terrasses successives.  Le tout réalisé avec profusion de théâtralité et d’excentricité. L’effet est saisissant.

Conçus pour représenter la puissance des Borromée, banquiers à Milan, les jardins sont créés avant tout pour magnifier les fêtes et les spectacles en vogue à l’époque. Résultats d’un impressionnant  travail d’équipe mêlant architectes, maîtres maçons, sculpteurs, terrassiers, menuisiers, peintres et jardiniers, ils sont construits avant d’être plantés. Comme la plupart des jardins de l’époque Renaissance. De nombreux décors sont installés. Notamment aux différents points stratégiques, une cinquantaine de statues symboliques et immenses représentant les mois, les saisons et les illustres membres de la famille. On dirait des marins ou les passagers du navire saluant sur le pont. Différents thèmes sont récurrents. Des motifs héraldiques et une série d’allégories exaltant la nature. Par exemple, une somptueuse licorne, emblème familial qui culmine, majestueuse, sur le point le plus haut de l’île. Au sommet du grand théâtre d’eau semi circulaire richement décoré de granit gris, tuf calcaire et galets noirs et de statues de marbre. De terrasse en terrasse, balustrades, flèches, piliers et obélisques, – tels les mâts du bateau – ponctuent le lieu et semblent s’élever dans le ciel.

Grâce au microclimat généré par le lac, les plantes et les fleurs de l’île sont  luxuriantes. Même si  au moment de la construction des jardins, les végétaux ne sont pas la priorité, on cultive quelques légumes, choux fleurs, artichauts, navets, fenouils et potirons. Également les agrumes. Orangers, cédratiers et citronniers. Dans le courant du XIXe, le jardin s’enrichit d’essences exotiques provenant du monde entier. Principalement tropicales et méditerranéennes, elles sont plantées dans les parterres et dans une centaine de pots en terre cuite ornés du blason des Borromée.

Isola Madre

Tout en contraste avec sa sœur isola Bella la magnifique, isola Madre est beaucoup plus discrète. La plus grande des 4 îles du lac et sans doute la première habitée. Les Borromée s’y installent déjà dès le début du XVIe siècle. Mais vite, ils la délaissent pour la pompeuse voisine. Relativement plate, posée au milieu du lac, elle a toujours eu une vocation botanique.  Depuis la nuit des temps, on y cultive vigne, figuier, olivier, cédratier et autre grenadier. Sa physionomie actuelle et l’abondance de ses végétaux exotiques datent cependant des XVIIIe et XIXe lorsque le jardin a été transformé en parc à l’anglaise. Plusieurs membres de la famille férus de botanique se mettent alors à collectionner des plantes adeptes de climat chaud et de sol acide. En provenance du Chili, de Nouvelle-Zélande, de Chine ou d’Afrique. C’est à  isola Madre que sont notamment introduits les premiers camélias originaires d’Asie. On en compte plus de 150 aujourd’hui. Une des raisons pour l’appeler isola Madre, l’île jardin.

Mais encore

Dans le palais de l’isola Bella, ne manquez pas la promenade dans les grottes situées au rez-de-chaussée. Terminées au XVIIIe, 6 pièces voûtées situées près du niveau de l’eau sont revêtues de mosaïques de petits cailloux noirs et blancs, de fragments de tuf, de stucs et  pierres brillantes, de coquillages et marbre noir. Pour prendre le frais en bonne compagnie.

Dans le jardin, repérez la tour de la Noria. Elle était destinée à abriter les machines de commande du système hydraulique des jardins actionnées par un cheval. Un ingénieux système de pompage des eaux du lac. En face, la Tour des vents aux murs recouverts d’albâtre et de marbre rouge accueillait les rendez-vous intimes.

Sur la terre ferme, les passionnés de plantes n’oublieront pas la visite de la célèbre Villa Taranto à Verbania. Dans ses 16 ha de parc à l’anglaise, elle abrite de magnifiques collections d’arbres et arbustes. Œuvre du capitaine Mac Eachran qui a planté il y a plus de 80 ans, la plupart des essences admirées aujourd’hui. Un must pour les amateurs de botanique.

Pour ceux qui aiment le farniente dans un décor idyllique, il leur est conseillé d’échouer à la petite île des pêcheurs. Face aux deux îles Borromée, tout en simplicité, un petit village autour d’une vieille église coule des jours heureux. Les points de vue sont époustouflants. L’arrêt à l’hôtel Verbano, inoubliable.

LES PLUS

ISABELLA

Au départ l’île s’appelait Isola Isabella du nom de l’épouse d’un Borromée puis Bella à la suite d’une contraction phonétique.

FÉERIE BAROQUE

Stendhal et Flaubert sont parmi les grands écrivains qui ont célébré l’Isola Bella dans leurs récits de voyages italiens.

VESTIBULE DE DIANE

Soit l’entrée du jardin, un atrium  astucieux qui permet de masquer l’alignement imparfait de l’axe du palais avec celui du jardin dévié de quelques degrés.

JARDIN D’AMOUR

Occupant la 5ème terrasse, il est ordonné autour d’un bassin circulaire et divisé en 4 plates-bandes symétriques animées par une broderie de buis et de grands ifs taillés en cône.

CAMPHRIER

La terrasse du camphrier tire son nom de la présence d’un vénérable Cinnamomum Camphora planté en 1819.

SERRES

Au début XIXe, de nouvelles serres sont installées pour continuer les expérimentations.

HUMILITAS

Mais oui, en toute simplicité, la devise des Borromée !

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