La villa Balbianello, un des plus beaux décors d’Italie

Sur une des rives escarpées du lac de Côme, se cache le jardin idyllique de Balbianello

Sur la route des vacances, les amateurs de verdure ont toujours l’un ou l’autre bon plan, prétexte à un arrêt ou une escapade. Pour ceux qui viennent du nord de l’Europe et qui ont franchi les montagnes, les lacs Majeur et Côme leur ouvrent les portes de l’Italie. Moins grand que son voisin, le lac de Côme d’une superficie de 146 m² est le plus profond du pays. En forme d’Y renversé, il compte 3 longs bras sinueux aux pentes très abruptes qui se divisent en une multitude de petits bassins découpés d’impressionnants promontoires.

Depuis la nuit des temps, il fait rêver. Déjà Pline le Jeune (61 à 113 après JC), célèbre pour ses écrits littéraires, y cherche inspiration et calme et y pratique le jardinage. Beaucoup d’Italiens dès le début de la Renaissance, découvrent les délicatesses de ce petit paradis différent des autres faisant face à un paysage montagneux sévère mais grandiose. Au XIXème, avec la mode de la villégiature, ils sont suivis par les intellectuels et aristocrates anglais, allemands, français et russes qui s’installant dans de magnifiques deuxièmes résidences et des grands hôtels somptueux. Les célèbres villa Melzi sur la péninsule de Bellagio, Carlotta à Tremezzo, Este à Cernobbio font parler d’elles et deviennent the place to be pour tout ce public huppé. Balbaniello admirablement posée sur une presqu’île au centre du lac, près de la ville de Lenno, sait se faire plus secrète… A pic sur le lac, entourée de pentes abruptes sur 3 versants, solitaire, véritable « amer » pour tous ceux qui y naviguent, son emplacement pittoresque est unique et les vues à couper le souffle.

Un brin d’histoire

Uniquement accessible par bateau à l’origine, la villa située en haut du belvédère est constituée de plusieurs bâtiments accrochés sur les rochers calcaires. Une église surmontée de deux clochers est le dernier vestige du passage des Franciscains suivis des frères Capucins. Les heures de gloire de la villa débutent vraiment à partir de 1787, lorsque le cardinal Durini, homme de lettres et mécène achète l’île boisée pour y vivre à l’écart, s’adonner aux délices de la vie, de la lecture et de la musique. Autour d’une bibliothèque et d’un salon de musique, il aménage un palais de style renaissance couronné d’une loggia aux 3 arcades comme que nous les connaissons encore aujourd’hui. Placés parallèlement à la péninsule, le panorama est doublement enchanteur car de chaque côté, il y a à voir et à contempler.

Après la première guerre mondiale, le domaine est acheté par l’américain Butler Ames qui restaure l’ensemble abandonné pendant presque 40 ans et en 1954, il devient la propriété de l’homme d’affaires et explorateur Guido Monzino qui désire en faire un petit bijou. Il y rassemble ses souvenirs de voyage, livres, plans et cartes géographiques notamment sur le pôle Nord et l’Everest dont il a réussi l’ascension et une collection d’objets d’art ancien et primitif. En 1988, il lègue l’ensemble à la FAI, Fondo per l’Ambiente Italiano, dont la mission est de préserver, sauvegarder et entretenir ce patrimoine tout en l’ouvrant au public.

Les jardins

Pas facile de dessiner un jardin sur un promontoire ! Créé au XVIIIème, il ne correspond pas du tout aux canons de l’époque. Impossible en effet d’y installer un jardin monumental et baroque tel celui de la voisine Isola Bella de la famille Borromée au centre du lac Majeur. Faute de place, mais aussi faute d’épaisseur de terre, la roche y étant souvent affleurante et parfois inhospitalière pour le monde végétal. Le principe est ailleurs : tout doit être pensé en fonction du lac, pour le seul spectacle de l’eau. Peu de couleurs, peu de verdure hormis quelques arbres, seulement la vue et les perspectives grandioses. Des sentiers sont creusés dans les rochers, accompagnés de murets de pierre agrémentés de guirlandes de lierre et rehaussés de statues aux figures mythologiques dont le regard emporte celui du visiteur vers les eaux turquoise.

Un jardin différent restauré à son arrivée par Guido Monzino tout en restant fidèle à la création austère du XVIIIème. Cependant, il se permet d’ajouter quelques détails. Des arbustes à feuillage persistant comme le buis et le laurier qu’il fait tailler de manière élégante en formes topiaires. La vue devant être ininterrompue d’un côté à l’autre de la villa, il fait tailler le vénérable chêne vert, Quercus ilex, trônant au beau milieu de la terrasse nord. Cette taille en parapluie est toujours effectuée aujourd’hui avec grande prudence pour ne pas endommager cet arbre emblématique aperçu de très loin. Des platanes élégamment conduits en chandelier sont recouverts de lierre sur une partie de leur tronc alors que des cyprès indispensables à tout jardin italien qui se respecte, sont taillés en obélisque. Des camphriers, pins, glycines centenaires et magnolias complètent la structure.

Sur la façade, un charmant rosier, Rosa banksiae ‘Lutea’, envahit les murs et les éclaire de ses petites corolles doubles jaune pâle. Nommé en l’honneur du célèbre botaniste Joseph Banks, ce rosier chinois, grimpant, – jusqu’à 15m de haut -, presque sans épines, introduit en Europe dès 1880, est non remontant ; il ne fleurit donc qu’une seul fois à la fin du printemps. Sans grand entretien et peu sensible aux maladies, il est cultivé régulièrement dans le sud car il exige soleil et chaleur.

Une autre merveille porte le nom de Ficus pumila (synonyme F. repens), une plante grimpante qui ne ressemble en rien à l’arbre tropical pourvu de grandes racines aériennes. Dans les régions chaudes qui ne sont pas sujettes au gel, il exhibe un petit feuillage persistant et coriace équipé de micro-ventouses qui le collent à son support et lui permettent de se développer verticalement.

En pratique

Comme jadis, l’arrivée par bateau est vraiment inoubliable et un arrêt en face sur la petite île de Comacina, – la seule du lac de Côme -, est agréable pour mieux apercevoir Balbianello. Au petit restaurant du bord de l’eau, déjà le parfum des vacances…

Villa Balbaniello, Via Guido Monzino,1 à 22016 Tremezzina

Visite : booking.balbaniello@fondoambiente.it

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