Qui ne s’est pas laissé piéger il y a quelques dizaines d’années par les fameux cyprès de Lawson ? A la mode dans les haies, aujourd’hui ils culminent à plus de 5 mètres ou épaississent tant qu’ils peuvent lorsqu’on leur coupe la tête. Ils ont littéralement bouleversé le paysage. Avec cela, combien de genévriers rampants n’ont-ils pas gâché la vie de bien des jardiniers en s’étalant outre mesure ? Et combien d’araucarias plantés fièrement à droite de la porte d’entrée obligent aujourd’hui le propriétaire à entrer chez lui ventre à terre ou par une autre porte ? Oui, c’est certain, les conifères ont fini par en dégouter plus d’un. Mais comme les modes vont et viennent, voici à présent leur grand retour en version mineure. Une aubaine pour les amateurs qui par manque de place n’osaient pas en adopter, pour ceux qui ont des grandes jardinières à garnir, un jardin zen à composer ou tout simplement des couvre-sol à planter.
Plus d’une centaine d’espèces et variétés ont une croissance très lente dès le départ. De 30 cm à 2,50m en une dizaine d’années. Pas véritablement des bonsaïs bien qu’on puisse les cultiver en pots et pas nécessairement destinés à l’art de la rocaille en vogue il y a plus de 100 ans. Il s’agit de formes réduites de conifères aussi courants que le sapin, le cèdre, les faux-cyprès, genévrier, épicéa, pin, thuya ou if affublés de certains qualificatifs tels que Lilliput, compactum, pygmaeum, humilis, nana, pumilus, minimus … et j’en passe…
Beaucoup de ceux-ci poussent sous des conditions météorologiques extrêmes. Comme en haute montagne. Les températures basses et les grands vents leur imposent une croissance de limaçon. Ils s’adaptent, modifient leurs formes et finissent par s’aplatir. A partir de ceux-là, les pépiniéristes reproduisent d’excellentes variétés. Avec une belle palette de couleurs allant du vert foncé au bleu en passant par toutes les nuances de jaune et de gris.
Des formes très compactes, comme de gros hérissons, apparaissent également à partir de boutures. En fait, à partir d’un balai de sorcière sur un arbre de grande taille. Botaniquement parlant, il s’agit d’un phénomène, – une déformation -, dû à un champignon, une anomalie de croissance ou une carence accidentelle qui perturbent le développement de l’arbre. On dirait un nid d’oiseau installé au milieu d’une branche ou une touffe de brindilles en forme de balai. D’où son nom. Retiré de son hôte, il est alors bouturé ou greffé pour former un nouveau spécimen conservant les mêmes formes et caractéristiques. Il est étonnant de constater que l’espèce d’origine culmine à des dizaines de mètres alors que la forme naine peine parfois à grandir d’un cm par an !
Tout serait simple si les formes naines le restaient obligatoirement. Ce n’est pas le cas. Pour corser le tout, certains lilliputiens deviennent parfois géants après un certain temps et dans des conditions extrêmement favorables. Par exemple, le Picea abies ‘Nidiformis’ de l’arboretum Kalmthout dont nous vous avons parlé il y a 2 semaines. Centenaire, il mesure aujourd’hui plus de 8 m de diamètre pour plus de 3 m de haut. Prudence et circonspection.
Quelques exemples
Pin des montagnes
Il y a les grands pins qui font rêver au midi, les autrichiens ennuyeux à mourir et puis les petits pins rigolos maintenant à la une des pépinières branchées. Nous avons un faible pour le Pinus mugo, ce pin des montagnes d’Europe centrale résistant parfaitement chez nous. Un arbrisseau à la forme très variable qui supporte n’importe quel type de sol.
- Pinus mugo ‘Mops’ a une forme sphérique très dense et des aiguilles courtes. Sa pousse annuelle est de 6 cm environ. A l’âge adulte, il culmine à 1m.
- Pinus mugo ‘Humpy’ lui ressemble en encore plus menu. 40 cm au total.
- Pinus mugo ‘Ophir’ est un bijou aux aiguilles teintées d’or en hiver.
- Pinus mugo ‘Gnom’, une sélection de 40 cm de haut pour 90 de large, en boule au feuillage vert foncé.
- Pinus mugo var. pumilio a un port spécialement aplati idéal comme couvre-sol.
Pinus mugo ‘Mops’ Pinus mugo ‘March’
Autres conifères
- Picea abies ‘Little Gem’, 30 cm de haut, présente des branches vert clair montantes.
- Picea abies ‘Pygmaea’, une des plus anciennes sélections, 30 cm de haut, a une forme caractéristique largement conique.
- Picea glauca ‘Lilliput’ et ‘Piccolo sont les charmantes sapinettes blanches au feuillage vert pâle.
- Chamaecyparis obtusa ‘Nana Gracilis’ au port conique et au feuillage vert foncé d’à peine 2m de haut est un classique. Souvent traité en bonsaï dans un pot. A pointer aussi Ch. lawsoniana ‘Green Globe’ à la forme parfois irrégulière avec l’âge et ‘Gnome’ mais faites attention à leur rusticité.
- Cryptomeria japonica ‘Elegans Nana’ dont les feuilles virent au roux en hiver ne dépasse pas 2m de haut alors que C. j. ‘Globosa Nana’ présente une forme semi-sphérique d’environ 1m de diamètre pour une hauteur d’1m après 10 ans. La mi ombre est la meilleure orientation pour éviter que ses aiguilles pâlissent avant de jaunir et même de griller.
- Juniperus chinensis ‘Pfitzeriana’ est assez commun dans les jardins. Préférez J. ch. ‘Pfitzeriana Compacta’ plus menu que le premier qui peut couvrir 15m².
- Thuja occidentalis ‘Tiny Tim’ et ‘Hetz Midget’ ont une croissance de 2,5 cm par an. ‘Danica’ présente une forme hémisphérique parfaite sans débordement.
- Microbiota decussata : 50 cm de haut pour un étalement de 4,5m avec un feuillage vert pâle ressemblant au Thuja et devenant cuivré en hiver. Très rustique et sans entretien, il apprécie les sols acides.






LES PLUS
En bonne compagnie
Les conifères nains font de l’effet au bord des chemins, comme couvre-sol associés ou non avec d’autres plantes comme les bruyères ou plus tendance, avec les touffes de graminées. Ils marquent le début des allées et encadrent bancs et escaliers.
Jardin de la Mare aux Trembles en Normandie
A lire par les simples amateurs
Tapissantes et conifères nains de D. Beretta, Editions De Vecchi 2005, ISBN 9782732813806. Cet ouvrage n’est pas toujours facile à trouver.
A lire par les jardiniers avertis et anglophones
RHS Encyclopedia of Conifers de Aris Auders et Derek Spicer, Kingsblue Publishing 2011, ISBN 9781907057151