Couvrez-moi ce sol !

Généralement, la plante couvre-sol n’excite pas vraiment le jardinier avide de floraisons et de beauté. Mais lorsqu’il se soucie du dessin de son jardin ou qu’il réfléchit tout simplement à son entretien, elle vient apporter une note paysagère à l’ensemble de la composition ou faciliter le travail au jardin. Les premiers couvre-sol qui viennent à l’esprit sont habituellement les plantes vivaces. Pourtant, quelques arbustes, – fusain, bruyère, symphorine, chèvrefeuille, cotonéaster ou genévrier -, ne nécessitant ni grand soin, ni taille, ni division, acceptent de s’étaler sur le sol et empêchent quoi que ce soit de pousser en dessous. Parfaits pour épargner désherbage et binage, former de grands massifs, couvrir des talus, protéger le sol de l’érosion, offrir gîte et couvert à de nombreux animaux. Que leur demander de plus ?

Par définition, ils devront être efficaces, durables, rustiques, accommodants, résistants non seulement aux maladies et ravageurs mais aussi à la sécheresse, l’humidité ou le froid. Les planter en masse sera un gage de réussite. Avec eux, simplicité et effet garantis. En voici quelques-uns parmi d’autres qui valent la peine de s’y intéresser.

A port étalé

Le choix ne se résume pas qu’aux populaires cotonéasters, si faciles à vivre et à pousser, qui sont plantés sans compter dans les grands espaces. Certains arbustes déclinent des variétés naines ou plus menues comme Spiraea japonica ‘Little Princess’ ou Deutzia gracilis ‘Nikko’.

Les noms des plantes donnent souvent des indications précises sur leur silhouette :

« chamae : prostré, rampant, nain … ; decumbens : prostré, dont les tiges retombent vers le sol … ; deflexus : dont les branches poussent résolument vers le bas … ; diffusus : diffus, étalé en tous sens… ; effusus : répandu, étalé sur le sol… ; humifusus : étalé sur le sol… ; procumbens : retombant … ; procurrens : rampant… ; repens : rampant… ; reptans : rampant … ; serpens : rampant, serpentant… » Dans le guide futé de 1500 noms de plantes, Le latin de mon jardin, de Diane Adriaenssen, Larousse 2003.

D’autres, plantés bien serrés, sont utilisés pour former des tapis végétaux et deviennent alors aussi performants qu’un banal Cotoneaster dammeri :

• Lonicera pileata, le chèvrefeuille arbustif aux petites feuilles persistantes, colonise le sol sur environ 1m. Poussant à l’horizontale, c’est une valeur ultra sûre. Tout terrain, d’une hauteur d’environ 50 cm, on le confond souvent avec le buis. Une bonne alternative à ce dernier car il n’est jamais malade, mais demande une taille régulière, sa croissance étant nettement plus rapide ;
• Itea virginica trop peu utilisé dans les jardins, tolère pourtant à peu près tous les sols. S’étalant sur plus d’1,50 m, il culmine autour du mètre. Après les petites fleurs blanches estivales et parfumées, réunies en racèmes, vient la coloration automnale du feuillage. La Pépinière Le Try conseille un cultivar plus compact, Itea virginica ‘Little Henry’;
• Quand il pousse dans de bonnes conditions, – un sol bien drainé en plein soleil, à l’abri des grands froids -, le Ceanothus thyrsiflorus var. repens couvre un espace d’environ 2m pour une hauteur de 60 cm. Ses petites fleurs bleues en mai et son feuillage persistant sont ses atouts majeurs ;
• Ribes glandulosum, cousin des groseilliers, à la délicate floraison blanche suivie de baies rouges, vaut la peine qu’on s’y attarde car il peut étaler ses branches jusqu’à 1m en tous sens. C’est un des coups de cœur des Pépinières du Vent Val & Bonnivers ;
• Parmi les Euonymus fortunei, ces fusains rampants au feuillage persistant, les variétés ‘Emerald Gaiety’ au feuillage marginé de blanc ou ‘Emerald’n Gold’ panachée de jaune sortent du lot. Pourtant, la Pépinière Hennebelle attire l’attention sur une ancienne variété au feuillage vert et à la fructification intéressante : E. f. ‘Emerald Cushion’ ;
• Cornus controversa ‘Green Carpet’ est également relevé par la Pépinière Hennebelle. Un cornouiller des pagodes, version naine, 50 cm à 1m de haut, et rampante, 1 à 2m de large. Après une floraison blanche en ombelles, le feuillage se teinte d’orange à l’automne.

Ou drageonnant

Quelques arbustes au formidable pouvoir colonisateur sont d’une efficacité redoutable pour habiller les talus ou pentes délicates et cacher les misères. Exubérants, ils ont un tempérament certain. Ce qu’on leur demande ? Rester à leur place, sans trop jouer des coudes tout en remplissant leur office de manière satisfaisante. Outre les millepertuis, Hypericum calycinum, peu exigeants et autres genêts pour sols pauvres ou Vaccinum pour sols acides, on peut compter sur :

• Stephanandra incisa ‘Crispa’ aux élégantes petites feuilles qui ressemblent à une spirée. Drageonnant allègrement, ses longues branches à l’écorce cuivrée s’étendent sur 1,50m alors que son feuillage se pare de doré à l’automne ;
• Aronia melanocarpa qui aime s’étaler sur 3m. Petit arbuste de 80 cm à 1m de haut, lui aussi drageonne à souhait, dans un sol acide même pauvre, à l’ombre ou mi- ombre. Les oiseaux raffolent de ces baies noires en été. Son feuillage automnal rougeoyant est flamboyant ;
• Pleioblastus pygmaeus pour les amateurs de bambou. En un temps record, il peut faire l’affaire mais il doit être délimité avec une barrière anti-rhizome pour éviter une extension parfois incontrôlée ;
• Fagus sylvatica ‘Rohan Red Weeping’,, une proposition particulièrement heureuse pour la Pépinière Le Try. Stolonifère, il est parfaitement rustique dans tout sol riche et humifère. Le feuillage caduc vert clair, vire au jaune orangé en automne et les rameaux rouge-brun restent très décoratifs en hiver. De 50cm de haut, il occupe 2m de large, ses branches s’enracinant par simple contact du sol;
• Fagus sylvatica ‘Rohan Red Weeping’, un arbuste de 80 cm de haut pour 150 cm de large, proposé par les Pépinières du Vent Val & Bonnivers pour son feuillage automnal orangé à rouge intense et pour sa fructification généreuse et présente en début d’hiver ;
• Rubus ‘Betty Ashburner’, une ronce ornementale à feuillage persistant vert foncé, doublé d’une floraison blanche estivale suivie d’une fructification automnale. Vigoureuse comme sa cousine Rubus pentalobus, elle s’étale sans demander aucun entretien.

Ou à port pleureur

Quelques grands arbustes ou petits arbres à port pleureur s’avèrent être de redoutables couvre-sol. A titre d’exemple, l’érable aux petites feuilles découpées, Acer palmatum var. dissectum qui s’étale sur environ 3m de large alors que sa hauteur maximum ne dépasse pas 1m 60. Aussi Betula pendula ‘Youngii’, les pommiers et cerisiers décoratifs dont les branchent viennent parfois caresser la terre comme Malus ‘Echtermeyer’, ‘Red Jade’ ou Prunus x subhirtella ‘Pendula Rubra’. Sans oublier Prunus pumila var. depressa, au feuillage semi-persistant qui s’étend sur 1 m de large alors qu’il ne dépasse pas 15 à 20 cm de haut.

Pour les grands espaces, pourquoi pas le hêtre pleureur, Fagus sylvatica ‘Pendula’ d’environ 15 à 18 m de haut pour un étalement de 20 m de large ? Les Pépinières du Vent Val & Bonnivers recommandent une sélection rare de hêtre au port pleureur, Fagus sylvatica ‘Rohan Red Weeping’. De taille modeste, 3 m de haut sur 2,5 m de large, il devient, lorsqu’il est greffé à la base, un surprenant couvre-sol, voire même un étonnant tapis dense pourpre foncé de 2 à 3 m de diamètre.

Pourquoi pas des roses

Certains rosiers grimpants laissés en liberté sur le sol, couvrent rapidement une grande surface. D’autres drageonnent tellement qu’ils finissent par coloniser l’espace et parfois même stabiliser un talus. Quelques variétés s’étalent complètement sur 1,50 m ou plus de diamètre ; d’autres ont un port naturel horizontal puis retombant ou présentent des branches vraiment très longues. Les Pépinières Louis Lens attirent l’attention sur :

• ‘Fil des saisons’, 40 cm de haut sur 80 cm de large, aux branches légèrement érigées retombant joliment sur le sol. Tout au long des rameaux au feuillage dense, s’ouvrent des fleurs rose foncé, parfumées, suivies de petits fruits rouges. ‘Tapis Volant’ lui ressemble hormis une couleur plus claire, rose léger avec un cœur blanc ;
• ‘Snow Star’ est une version blanche très basse, 40 cm sur une largeur de 80 cm, qui a l’avantage de fleurir longtemps et de former en automne une masse de jolis fruits ;
• ‘Petit Serpent’, miniature de ‘Green Snake’ au petit feuillage lui aussi bien dense est le plus couvrant parmi les couvre-sol, jusqu’à 1,50 m. On lui pardonne sa floraison blanche unique mais on l’applaudit pour ses nombreux cynorrhodons.

Ou des Hydrangeas

On ne présente plus l’hydrangea grimpant, Hydrangea anomala subsp. petiolaris partant à l’assaut des murs ou des arbres, qui fait aussi merveille comme couvre-sol. D’autres comme certains Hydrangea serrata sont efficaces et colonisent les talus. Originaires des montagnes, leurs bourgeons floraux sont beaucoup plus durs et moins réactifs aux changements de température, notamment aux gelées printanières. S’ils fleurissent moins longtemps que les H. macrophylla, mi -juin à fin juillet, leurs feuilles plus petites, généralement de couleur bronze, prennent de belles couleurs d’automne. La Pépinière de la Thyle propose trois plantes intéressantes :

• H. serrata ‘Hallasan korea’ figurant parmi les petits de la série. 30/40 cm de haut sur 80 cm de large. Ses fleurs varient du rose au violet en passant par le bleu. Les couleurs du feuillage sont spectaculaires sous le soleil automnal ;

• H. serrata ‘Spreading Beauty’ d’une hauteur de 50 cm, est un semis du premier. Hormis en plein soleil, ses fleurs plutôt grandes restent belles même lorsqu’elles fanent ;

• H. ‘Cotton Candy’ est un croisement entre H. serrata ‘Hallasan Korea’ et un H. macrophylla.  Les fleurs roses semi doubles entourent un cœur vert très présent. Tout terrain, il est particulièrement compact et bien résistant au gel.

Sans oublier les conifères

Les conifères au feuillage persistant sont souvent utilisés comme couvre-sol. Notamment les nombreuses variétés de genévriers rampants à conseiller pour endroits ensoleillés. Aussi  Picea abies ‘Nidiformis’ ou Chamaecyparis pisifera ‘Nana’ qui ne dépassent pas 60 cm à 1 m de haut et s’étendent sur plus d’ 1 m.

A l’Arboretum Wespelaar, Koen Camelbeke dresse un séduisant portrait de Microbiota decussata, le cyprès de Sibérie relativement peu connu, qui ressemble à un genévrier rampant. Bien couvrant, environ 1,50 m et pas plus haut que 30 cm, il apprécie les sols riches et bien drainés à l’ombre ou mi ombre. Un de ses attraits est de changer de couleur à l’automne et de virer à l’orange cuivré.

Merci à :

Arboretum Wespelaar : www.arboretumwespelaar.be

Pépinière de la Thyle : www.pepinieredelathyle.com

Pépinière du Vent Val & Bonnivers : www.pepiniereduventval.be

Pépinière Hennebelle : www.hennebelle.com

Pépinière Le try : www.letry.be

Pépinière Louis Lens : www.lens-roses.be

Jardin La mare aux trembles, à 27 110 Epreville-près-le-Neubourg (France)