Tandis que la lumière diminue, l’été indien se profile. La baisse de luminosité provoque en réalité un ensemble de réactions chimiques. La réduction puis la fin de la production de chlorophylle fait décolorer les végétaux. D’autres pigments apparaissent. Le carotène orange, les xanthophylles jaunes et les anthocyanes rouges. La mystérieuse alchimie de ces couleurs d’automne dépend de plusieurs facteurs. L’alternance des jours longs et courts, les températures contrastées et les précipitations abondantes. En d’autres mots des conditions atmosphériques. Ceci dit, le spectacle n’est pas toujours garanti. Les plantes réagissent toutes différemment et composent des tableaux imprévisibles, plus ou moins durables. Et quand le vent s’y met, naît un véritable suspense qui fait le charme de la saison !
Grâce à certains arbres et arbustes et malgré le fait que notre climat n’est certes pas le mieux adapté à l’embrasement automnal, on peut quand même obtenir des scènes vraiment flamboyantes. De préférence dans les sols acides. Ces végétaux vivent pour la plupart au Canada, dans l’est des États-Unis, en Chine et au Japon, des contrées où ce spectacle est habituel.
Cercis canadensis ‘Forest Pansy’
A vous d’introduire leurs chaudes couleurs. Rendez-vous dans les pépinières pour les choisir en robe d’automne, la couleur des feuillages variant souvent d’un sujet à l’autre. Pour vous aider, voici quelques essences phares à adopter.
Liquidambar styraciflua « Worplesdon’
Parmi les fusains et les viornes
Dans les haies bocagères, fusains et viornes n’ont pas leur pareil. Plusieurs cultivars offrent un feuillage automnal intéressant. Notamment le fusain à feuillage caduc, Euonymus alatus d’origine asiatique. Incontestablement un des premiers à annoncer l’automne lorsque ses petites feuilles rouge écarlate voire violacées s’enflamment. Assez compact, environ 1m de haut, il tolère tout type de sol. Au rayon des viornes, toutes ne donnent pas nécessairement de belles colorations automnales. Arrêtez-vous sur Viburnum plicatum ‘Mariesii’ au port joliment évasé, plus large (3m) que haut (2,50m) et sur V. opulus qui marie un feuillage feu à des petites baies. A noter aussi V. furcatum, une viorne asiatique peu connue au feuillage gaufré cuivré passant au rouge pourpre dès octobre.
Euonymus alatus Viburnum opulus
Viburnum furcatum
Parmi les hydrangeas
Les Hydrangeas serrata à l’état sauvage en Asie croissent dans les montagnes. Ils prospèrent sous un climat maritime et ne dépassent pas 2 m de haut. En moyenne 1,20 m. Ce biotope particulier dans lequel ils évoluent leur permet d’être bien rustiques. A l’automne, en situation ensoleillée, leur feuillage peut parfois s’enflammer. Accompagné des fleurs, fanant ou remontant lors d’une deuxième floraison, le spectacle est total.
Hydrangea serrata ‘Blue Bird’ H. serrata ‘Santiago’
Parmi les arbres à perruque
Les Cotinus plantés au soleil en sol ordinaire bien drainé et de préférence calcaire figurent parmi les vedettes de la saison. A l’allure de grands arbustes de 2 à 4m de haut, ils sont couverts en été de grandes fleurs plumeuses rappelant les barbes à papa de notre enfance avant de revenir en force à l’automne. Tous les C. coggygria, même ceux à feuilles pourpres, présentent de belles teintes rouges. Plusieurs sélections sont imparables. Les somptueux C. ‘Flame’ et ‘Grace’ sans oublier C. obovatus à la décoloration presque translucide.
Cotinus obovatus C. ‘Flame’
Parmi les cornouillers
Les cornouillers d’Amérique et d’Asie illuminent également nos jardins européens. L’américain C. florida et l’asiatique C. kousa ont chaque année le bon ton de s’embraser après une floraison printanière délicate et pour les C. kousa des fruits ressemblant à des framboises. Leur gracieuse silhouette culmine à 5/7m de haut. Epatante pour les petits jardins. A placer en sous-étage dans un sol à tendance acide pas trop sec. Idem pour les amélanchiers présentés il y a quelques temps.
Cornus ‘White Pagoda’
Parmi les érables du Japon
Il n’est sans doute plus utile de tirer le portrait de l’érable japonais familier dans nos jardins. Sachez cependant qu’il existe un nombre incalculable d’espèces de grande valeur et qu’il est parfois difficile de jeter son dévolu sur un bon numéro. Plusieurs sont réputés pour la couleur de leur feuillage au débourrage printanier alors que d’autres le sont pour leur coloration automnale. Tous ont besoin d’un sol acide. Renseignez-vous. A la fin de l’été, les nuances oscillent du rouge au cramoisi. Acer palmatum ‘Osakazuki’ écarlate en octobre est unique. Mais il en existe un tas d’autres.

Un érable américain
L’érable rouge, Acer rubrum ‘Schlesingeri’ originaire de l’est des USA est plus haut que ses cousins japonais, parfois 20m. Planté dans un sol acide, au soleil, son feuillage vert foncé vire très tôt au rouge. A. rubrum ‘Red Sunset’ et ‘October Glory’ constituent eux aussi les meilleurs éléments de l’indian summer.
Acer rubrum ‘Schlesingeri’
Deux joyaux
Que dire du Cercis canadensis ‘Forest Pansy’ aux grandes feuilles bronze, – 10 cm de large et de long -, en forme de cœur dont les nervures rouge sanguin resplendissent à contre-jour ? Que du bien sans hésiter. Un grand arbuste enchanteur, originaire du Canada comme son nom l’indique, incontournable si on veut bien lui donner de l’espace pour admirer son port étalé. Il dépasse rarement les 5 m de haut. Disanthus cercidifolius de la famille des Hamamelis lui ressemble. Il nous vient du Japon et de Chine. 3m de haut, prospérant à mi-ombre en sous étage dans un sol acide, il prend une coloration pourpre presque violette. Une merveille.
Cercis canadensis ‘Forest Pansy’ Disanthus cercidifolius
Parrotia
On le plante souvent en sujet isolé pour la beauté de son feuillage. En automne, Parrotia persica, petit arbre de 5 à 8m de haut au port étalé vire en différentes étapes au jaune puis au rouge. Un véritable kaléidoscope. On n’oublie pas le spectacle de ses feuilles à la fois vertes, jaunes, orangées et rouges, du centre vers les bords. Comme lui, les Liquidambar et autres chênes d’Amérique se métamorphosent jusqu’en novembre.

Oxydendron arboreum
Pour terminer cet article en beauté, voici l’Andromède en arbre, un arbuste de 5m de haut, atypique, amateur de sol acide et de soleil. Sa longue floraison estivale en grappes pendantes de clochettes blanches est directement suivie du feu automnal. Un instant de grâce. Originaire de Floride, il doit être protégé chez nous des vents froids. Pour les amateurs avertis !
